En peu de jours pourtant, la France, qui vantait l’exemplarité des plans de rigueur qu’elle a initiés pour faire face chez elle à la crise de la dette, se trouve à son tour confrontée aux affres auxquelles sont confrontés les Etats à qui elle se piquait de montrer la ligne à suivre.
Deux coups de semonce ont en effet contraint son Président et ses autorités à rabaisser de leur morgue et de leur suffisance. Celui que leur a adressé la Commission européenne, leur faisant savoir qu’il est impératif que la France revoie son plan de rigueur annoncé, car établi sur une prévision de croissance fausse pour 2012 qui, selon la Commission européenne, ne sera que de 0,6% au lieu des 2% déclarés par le gouvernement Fillon. L’autre est venu des marchés financiers, où, malgré que la France bénéficie encore de la précieuse note « triple A » que lui accordent les agences de notation, le taux de prêts qui lui sont consentis est passé de 2,9 à 3,5%. Et la méfiance de ces marchés à l’égard des capacités de la France à faire mieux que les autres Etats de la zone Euro dans la tourmente s’est pleinement exprimée à l’occasion de la « bourde » faite par l’agence de notation Standard and Poor’s, qui a annoncé par erreur que la France avait perdu son précieux « triple A ».
L’effervescence qui en a suivi sur les marchés financiers et la pointe d’affolement qui s’est emparée des autorités financières françaises sont la preuve que la France n’est nullement dans la posture rassurante dont elle se prévaut. Le vent du boulet a contraint Nicolas Sarkozy et son gouvernement à revoir la copie du plan de rigueur dont il affirmait que ses dispositions suffisent à ramener le taux du déficit budgétaire français au seuil prescrit par le pacte et les autres textes fondateurs de l’Union européenne et de la zone Euro. En le faisant, ils ont admis par conséquent que la situation de la France n’est pas celle qu’ils se complaisent à décrire. Tout comme les dirigeants grecs qu’ils ont fustigés pour avoir « menti » sur le véritable état des lieux économique et financier de leur pays, ceux de Paris sont rattrapés par la vérité crue de celui de la France.
A moins d’un « miraculeux » retournement de tendance qui ferait que la France ne sombre pas dans la récession et renoue avec la croissance, Sarkozy et sa majorité payeront eux aussi « cash » de ne pas avoir su gérer la crise et d’avoir ajouté à la situation le ridicule de s’être érigés en donneurs de leçons aux autres.
Même s’ils sont conscients que la crise financière dans laquelle se débat la zone Euro n’est pas sans faire planer des risques pour leur pays par trop vulnérable par son partenariat déséquilibré avec elle, nombreux sont les Algériens pourtant à jubiler franchement au rabaissement dans la morgue et la suffisance que les impacts de cette crise infligent aux autorités françaises. Diplomatiquement, cela ne se dira pas évidemment.
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