(1re partie)
C’est d’ailleurs ce qui a conduit à la création de la 6e Région militaire (2) en 1975, dont le chef-lieu, installé provisoirement à In-Amguel (3), va définitivement se fixer à Tamanrasset (ex-Fort Laperrine), quelques années après. A l’Ouest, la frontière tumultueuse algéro-marocaine s’étend du nord au sud sur quelque 1 230 km et a déjà inscrit à son actif une guerre chaude (4) et une guerre froide depuis l’indépendance de notre pays, et ce, malgré la signature de deux accords frontaliers bilatéraux (celui d’Ifrane et de Tlemcen). L’invasion du Sahara occidental (5) qui comprend trois provinces (le Rio de Oro, la Seguia el- Hamra et de Tarfaya) par le Maroc, après la «marche verte» de novembre 1975, a plongé les deux pays dans une situation de guerre larvée, suite à la signature des accords de Madrid, la même année, qui partage le Sahara occidental entre le Maroc (il occupe la Seguia el- Hamra, avec Layoune comme capitale) et la Mauritanie (elle s’empare de Tiris el-Gharbia, avec Dakhla comme capitale). Cette frontière (6) n’a cessé d’être une source de tensions, en fonction de la conjoncture (7). La mobilisation permanente des forces armées opérationnelles des deux pays, tout au long de la frontière et dans des sites stratégiques, depuis plus de 35 ans, n’est qu’une preuve supplémentaire concrète de l’état de guerre qui règne à cette frontière (8). Le summum de cette tension fut l’attaque marocaine contre une colonne sanitaire de l’ANP à Am Gala (point d’eau à la frontière algéro-sahraouie) qui, suivie d’une réplique algérienne, a failli déclencher une seconde guerre en 1976 (plusieurs militaires algériens faits prisonniers vont passer plus de vingt ans, sans procès, dans les geôles marocaines). La fermeture terrestre uniquement en 1994 n’est que le dernier soubresaut d’une longue série de relations belliqueuses, qui n’en finit pas d’empoisonner nos relations bilatérales, régionales et internationales (9). Cette situation contraint l’Algérie de tenter de toujours maintenir, en sa faveur, un avantage militaire qualitatif et stratégique, influencée par le traumatisme de l’agression de 1963. Cette politique va impliquer un investissement conséquent, en moyens humains et matériels et en alliances géopolitiques, pour atteindre cet objectif (10). Enfin, il n’est plus possible, de nos jours, d’occulter les trafics de tous genres que cette «frontière fermée» génère et notamment celui des drogues (11). Plus bas, se situe la frontière avec le Sahara occidental, longue de moins de 200 km, elle a néanmoins pris, depuis 1975, une sensibilité particulière après l’invasion par les FAR marocaines de la partie nord de ce pays (12) puis de son annexion totale. Le territoire algérien, de la région de Tindouf, étant le point de départ et de repli des groupes armés du Front Polisario, lorsqu’ils lancent des raids, il est évident que le Maroc va considérer notre pays comme «partie prenante dans ce conflit armé» et réagir comme tel (construction des murs de défense), ce qui va se traduire par des accrochages entre les deux armées, en plus des raids meurtriers des Sahraouis. La menace la plus sérieuse mais n’a jamais été mise à exécution par le Maroc a certainement été l’annonce de l’utilisation, par les FAR, de leur «droit de poursuite », pour venir détruire les bases arrière de la RASD, installées, pour partie, sur le territoire algérien. De toute évidence, cette décision aurait déclenché une nouvelle guerre totale algéro-marocaine, encouragée, d’ailleurs à cette époque, par certaines puissances occidentales, pourvoyeuses en armement. L’accord de paix signé à Alger, en août 1979, entre la Mauritanie et le Front Polisario, permet l’abandon des territoires sous sa souveraineté, immédiatement occupés par le Maroc. La diplomatie entre en jeu et baisse la tension d’un cran, à cette frontière, après la signature d’un plan de règlement ONU-OUA en 1991. La RASD (13) se fera reconnaître par une quarantaine de pays fortement appuyée en cela par l’Algérie. Ce plan de règlement, signé entre la RASD et le Maroc, prévoit un cessez-le-feu et la libération de centaines de prisonniers marocains, sous l’égide des Nations-Unies, ainsi que l’ouverture de rounds de négociations (14), entre les deux belligérants (à Manhasset, USA), de manière à rapprocher leurs positions opposées, le Maroc prônant une large autonomie sous sa souveraineté et la RASD exigeant un référendum d’auto-détermination. A l’est, le voisinage de la Tunisie (15) avec une frontière longue de quelque 750 km a posé soixante-douze (72) cas de revendications territoriales réduites, en plus de l’affaire dite «du km 101», qui trouveront, très rapidement, des solutions équitables. Par la suite, les tensions, à cette frontière, se sont fait sentir du fait des révoltes sporadiques des populations frontalières tunisiennes, protestant contre la précarité de leurs conditions de vie et revendiquant, certaines fois, leur rattachement territorial à l’Algérie, créant ainsi des crispations et des suspicions légitimes des autorités tunisiennes. Ces révoltes ont été solutionnées par une répression sanglante parfois(16), d’une part et l’injection de ressources financières communes pour la réalisation de projets industriels (ciment blanc, moteurs diesel…) dans ces régions frondeuses (Gafsa), d’autre part. En outre, les deux pays vont inaugurer une politique douanière laxiste, permettant ainsi le trafic de tous produits subventionnés et prohibés (hydrocarbures, alimentation, médicaments, textiles, cheptel…). Durant la «décennie noire» en Algérie, la Tunisie a été un des rares pays à maintenir sa frontière ouverte aux Algériens et à accueillir ses réfugiés (les très aisés, en général) qui fuyaient le terrorisme, confortant ainsi son image internationale de «havre de paix et de prospérité», contrairement à «la boucherie algérienne ». La «révolution du jasmin» ou le «printemps arabe», c’est selon, a pris en flagrant délit de mensonge les zélateurs occidentaux, de ce régime, qui le présentaient comme un exemple de stabilité, vantant la Tunisie sahélienne florissante et cachant celle misérable à la frontière algérienne (17). Les institutions internationales et les pays occidentaux l’ont longtemps considérée comme l’exemple à suivre, pour le reste du monde arabe, ne tarissant ni d’éloges ni d’investissements en sa direction. Les pétromonarchies du Golfe ont également investi des capitaux considérables (expliquant ainsi l’accueil du président Ben Ali) dans l’économie tunisienne (hôtellerie de luxe, banques off-shore, services) et ont contribué à permettre ses prouesses économiques (7% de croissance du PIB, durant une décennie). Le niveau éducationnel de sa population, et notamment le statut de la femme, va également servir de point d’ancrage d’une campagne de prosélytisme, entièrement dévolue au mérite du président Ben Ali et relayée par tous les médias internationaux, pour justifier le soutien à son régime. Son intégration réussie (18) dans la mondialisation et notamment celle avec l’UE est donnée comme exemple pour les autres pays de la région. Depuis le 20 janvier 2011, date de départ énigmatique du président Ben Ali (19) de Tunisie, la frontière algéro-tunisienne devient sensible car, en plus des trafics traditionnels, viennent s’ajouter ceux des êtres humains (dans les deux sens), des capitaux en liquide (20), des armes et des explosifs, obligeant notre pays à mobiliser des forces de sécurité additionnelles pour contrôler cette frontière, en attendant qu’un consensus national tunisien (élection d’une assemblée constitutive, d’octobre 2011) vienne reformater politiquement le pays et assurer sa stabilité. Plus au sud-est, la frontière algéro- libyenne nous interpelle à plus d’un titre ! Longue de quelque 780 km, de Bordj Messaouda au nord (face à Ghadamès en Libye) à In Ezzane au sud de Djanet (ex-Fort Charlet), cette frontière stratégique puisqu’elle abrite, dans la hamada de Tinrhert, les gisements pétroliers de Zarzaïtine et d’Hedjeleh, vit au rythme d’un conflit armé national internationalisé. En effet, en plus de la guerre civile intertribale (21), une coalition franco-britannique, munie d’un mandat onusien «élastique», obtenu à la hussarde et du soutien logistique déterminant de l’Otan (commandement américain), s’est engagée directement dans le conflit, aux côtés d’une rébellion, coalisée autour d’un nébuleux CNT (22). Non contente d’avoir contribué au renversement du roi Idriss de Libye (23) et donc à l’avènement de M. Kadhafi (issu d’une tribu minoritaire), l’Algérie a, pendant très longtemps, consolidé le régime despotique libyen qui va se transformer en un règne absolu (24), après une répression féroce de toutes oppositions, faisant fi de la fragile société tribale libyenne qualifiée de «para-souveraineté». Mu par une volonté paranoïaque d’union avec ses «voisins arabes», M. Kadhafi va tenter, en vain, de signer des accords de fusion, tour à tour, avec l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie ! Ces échecs successifs vont l’amener à inaugurer une période de terrorisme d’Etat (attentat de Lockerbie et de l’UTA, annexion de la bande d’Aozou, au nord du Tchad, dans le massif du Tibesti) et de surarmement, entraînant une riposte américaine violente (bombardements de Tripoli) et un boycott international (la loi Damato) de dix années (de 1992 à 2003). Réhabilité, après dédommagements généreux des victimes des attentats et extradition, pour être jugés et condamnés des auteurs de cet acte terroriste, M. Kadhafi va, ces dernières années, déployer une politique intensive d’entrisme en Afrique subsaharienne (25), inondant ces pays (26) de dollars (avec pour la partie visible, la Libyan Arab Foreign Investment Company (Lafico) et la Libyan Arab Foreign Bank (Lafb) et lançant le projet de communauté sahélo-saharienne en 1998 (Comessa), qui deviendra, en 2001, la CEN-SAD (27), projet essentiellement économique mais avec pour objectif stratégique la constitution des «Etats-Unis du Sahel» ! Cette politique va permettre à M. Kadhafi de signer, en juillet 2004, avec ces pays africains une convention de sécurité et un protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Transformant son essai, le 30 juin 2010, il organise à Tripoli une rencontre des ministres de la Défense des pays de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), regroupant autour de lui, le Mali, le Tchad, le Niger, le Soudan et le Burkina Faso, mais en l’absence de l’Algérie et de la Mauritanie. En représailles, la Libye (comme le Tchad et le Burkina Faso) a refusé de siéger au Comité d’état-major opérationnel, installé en avril 2010 à Tamanrasset, pour coordonner les efforts de lutte contre le terrorisme, et ce, malgré qu’elle eût signé, en mars 2010 à Alger, une déclaration commune «d’une ferme condamnation » du terrorisme et d’actions «individuellement et collectivement pour éradiquer ce phénomène» (28). A l’évidence, l’objectif de la Libye n’était pas de lutter contre le terrorisme mais d’étendre son influence au Sahel et d’imposer son leadership dans la région, à travers la construction d’un «royaume sahélo-saharien »! Le discours d’Ourabi de 1981 inaugure les fondements de cette construction avec une intense activité subversive. L’appel de Tombouctou (29) d’avril 2006 pour l’organisation d’une «entité commune» en direction du «mouvement des jeunes Touaregs», la conférence d’Ourabi de 2008, où M. Kadhafi déclare que «nous sommes tous des Touaregs arabes, dans cette région !» confirment cette volonté d’asseoir son hégémonisme. Cet activisme libyen dans la région est spécialement conçu contre les puissances néocoloniales (Royaume-Uni et la France) mais la France en particulier (30), adversaire principal en Afrique de l’Ouest, pour conclure, avec elle, une relation de «partenariat concurrentiel» (31), comme ce fut le cas au Tchad. Enfin, il fallait également contrecarrer l’influence de l’Algérie dans la région (cet élément non pris en considération par les autorités), même si, pour cela, il fallait augmenter encore plus l’instabilité et la vulnérabilité de la région. Au niveau bilatéral, M. Kadhafi a pris ses distances vis-à-vis de notre pays, dès la mort du président H. Boumediène (32), en 1979, se présentant comme un allié un jour puis un ennemi le lendemain (33), en fonction de ses intérêts objectifs (34) et notamment territoriaux et pétroliers. L’affaiblissement intérieur de l’Algérie va lui laisser le champ libre pour toutes ses actions hégémoniques dans la région (pressions diplomatiques, offres de médiation dans les conflits interafricains, soutien aux mouvements touaregs d’opposition, investissements et coopération classique). Sa montée en puissance va l’amener à croire et à accroire (35) qu’il est devenu le leader d’une «grande puissance régionale » et qu’il peut, par conséquent, faire «bouger les curseurs» établis par les grandes puissances dans la région. Il offre, dès lors, à ces pays (le Royaume-Uni et la France, en particulier), une occasion inespérée de l’éliminer, voire de le faire assassiner (lui et son régime), de solder définitivement les contentieux et de reprendre solidement racine dans ce sol aux énormes richesses et potentialités (36). Cette guerre en Libye marque «le retour de l’Otan comme puissance militaire en Afrique du Nord» comme l’affirme avec raison H. Roberts (37), en même temps qu’elle pose le problème des nouvelles missions de l’Otan dans le monde et, partant, de la relation que doit entretenir notre pays avec cette institution militaire multinationale incontournable. Les autorités actuelles, qui viennent tout juste de reconnaître le CNT, n’ont pas choisi de jouer la carte des relations historiques multidimensionnelles qui lient nos deux peuples et qui sont un socle inépuisable de forces centripètes bilatérales, afin de préserver nos intérêts communs et de baliser l’avenir. Elles ont préféré les jeux sordides et sournois des «appareils» et des «relations personnalisées»… Le résultat est aujourd’hui connu et les responsabilités établies, ce qui nous oblige à nous questionner : quels intérêts ont-elles été contraintes de défendre (38) ?
M. G. (à suivre).
m.goumiri@live.fr
(*) L’Association des universitaires algériens pour la promotion des études de sécurité nationale.
(1) Il s’agit de la région montagneuse algéro-malo-nigérienne, enserrée entre le massif du Tassili Ouan-Ahaggar à l’est et celui d’Adagh des Ifughas à l’ouest, à 520 km au sud de Tamanrasset, à 2 400 km d’Alger mais à seulement 300 km de Kidal (au Mali).
(2) Avant cette date, cette région dépendait de la 4e Région militaire, située à Ouargla, distante de quelque 1 300 km.
(3) Proche du Mont Tahat (2 918 m), cette ex-base française de commandement (ex Saint-Laurent) soutenait les opérations d’essais nucléaires de la base d’In Eker.
(4) La guerre assez courte de 1963, dite «des sables», est déclenchée par le roi Hassen II, pour des revendications territoriales non satisfaites, dans la région de Colomb-Béchar et de Tindouf. Cette guerre (où des milliers d’Algériens sont morts) a surtout jeté, dans les relations algéro-marocaines, une suspicion légitime indélébile et des arrière-pensées réciproques durables, pesant toujours sur nos relations.
(5) La monarchie alaouite et certains partis politiques (El- Istiklal) ont toujours considéré que le territoire du «Grand Maroc» s’étendait du fleuve Sénégal à la Méditerranée, englobant la Mauritanie, le Sahara occidental (colonisé par l’Espagne), les régions algériennes s’étendant jusqu’à la ville d’Adrar, ainsi que les subsides, sous autorité espagnole, de Ceuta (face à Gibraltar) et de Melilla (près de Nador), en Méditerranée.
(6) La proposition du roi Hassan II au président M. Boukharouba (Houari Boumediène) fut de céder à l’Algérie un «couloir territorial» d’accès sur l’océan Atlantique. Le président algérien refusa cette proposition, privilégiant le principe consacré par l’ONU et la Cour internationale de justice (avis du 16 octobre 1975) du «droit des peuples à l’autodétermination».
(7) La ligne Challe, du nom du général français, instigateur de cette ligne de défense contre les intrusions des troupes de l’ALN, durant la guerre de Libération nationale, n’a jamais été démantelée, comme d’ailleurs la bande de «no man’s land» qui existe entre les deux postes frontaliers.
(8) Quelque 30 000 ressortissants marocains vont être expulsés, manu militari, sans aucun recours en 1975, de peur de la menace dite «de la cinquième colonne». L’agriculture algérienne a encaissé le coup, dans la mesure où beaucoup d’entre eux étaient des ouvriers agricoles, sans compter les drames humains dont personne ne se souciera.
(9) Suites aux attentats terroristes de Casablanca de 1994, le roi Hassan II, à travers Driss Basri, va accuser officiellement les services secrets (SM) algériens de les avoir organisés et en représailles, décision fut prise d’expulser, manu militari, tous les Algériens résidents ou non, se trouvant sur le territoire marocain, les spoliant, au passage, de tous leurs biens et d’instaurer un visa d’entrée au Maroc pour les Algériens. En réaction, l’Algérie décide de fermer la frontière terrestre. Il faut noter qu’à ce jour et même après le procès des instigateurs de l’attentat, le Maroc n’a pas officiellement disculpé l’Algérie de cet attentat (assez similaire, d’ailleurs, à l’attentat de la place El-Fna à Marrakech, cette année).
(10) Cette caractéristique est clairement inscrite dans les budgets réservés aux forces armées et notamment pour l’acquisition de matériels militaires, toutes armes confondues, d’où l’expression de «course aux armements» dont sont affublés les deux pays. Afin de maintenir cet équilibre, les USA viennent de vendre au Maroc «pays frère», des missiles Amraam 120c pour équiper leurs 24 F16, au nom de la «stabilité de la région», déclare, en visite officielle à Alger, R. Maxwell, sous-secrétaire d’Etat-adjoint, chargé du Maghreb et qui, cyniquement, se dit prêt à vendre des armes à l’Algérie, l’autre «pays frère» !
(11) Tous les produits subventionnés en Algérie font l’objet d’un trafic systématique (essence, gas-oil, huiles, café, sucre, bétail, semoules, pâtes). En outre, le Maroc détient le triste record de premier producteur mondial de cannabis, ce qui lui génère un chiffre d’affaires annuel évalué à 2 milliards de $ US. Il se trouve que les plantations les plus abondantes se situent à l’est (dans le Rif), le long de la frontière algéro-marocaine.
(12) Le Front Polisario va lancer des opérations de guérilla dévastatrices contre les deux pays, provoquant le retrait de la Mauritanie (maillon faible de la coalition), du territoire qui lui a été attribué et l’annexion totale du Sahara occidental par le Maroc.
(13) La République arabe sahraouie démocratique créée en février 1976.
(14) C’est la première fois que le Maroc accepte des négociations directes avec la RASD, dernier cas de décolonisation au monde, ce qui équivaut à sa reconnaissance de facto.
(15) A cet endroit également, il faut noter que la ligne de défense Maurice, construite par l’armée française, n’a été que partiellement démantelée (la France vient de restituer, à notre pays, trente ans après, ses plans du minage).
(16) Des centaines d’activistes furent pendus sous le régime de Bourguiba.
(17) Notons que de tout temps, c’est cette Tunisie du Sud- Ouest qui a mené toutes les révoltes et notamment la dernière, puisque Kasserine, où le Martyr Bouazizi s’est immolé, est juste à la frontière algérienne.
(18) L’analyse objective et chiffrée nous démontre que cette intégration s’est réalisée, en fait, au détriment de milliers de PME/PMI tunisiennes, qui ont dû fermer avec ses répercussions sur l’emploi, contre de modiques gains en contrepartie pour les sociétés exportatrices. Le secteur du tourisme, quant à lui, a crû grâce à la clientèle hors UE et notamment algérienne.
(19) Il est clair maintenant qu’un coup d’Etat de palais, mené par le général Sériati et l’épouse du président, a été à l’origine de son «départ forcé», sans destination apparente, puis, après négociations, vers l’Arabie saoudite.
(20) Des flux monétaires importants traversent les frontières, fuyant la justice tunisienne qui poursuit les personnalités impliquées dans divers détournements, sous le règne de Ben Ali. En outre, beaucoup des détenus algériens, de droit commun, se sont enfouis des prisons tunisiennes.
(21) Sous domination ottomane relative, dès 1551, la Libye va être colonisée par les Français, les Italiens et les Anglais, jusqu’au 21 novembre 1949, date à laquelle l’ONU accorde l’indépendance à l’Etat fédéral de Libye, constitué de trois provinces (la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan). L’émir Mohamed Idris al-Mahdi al-Senoussi va régner sur ce pays avec le titre de roi Driss Ier, le 24 décembre 1951. Il est renversé par le colonel M. Kadhafi, suite à un coup d’Etat, le 1er septembre 1969 et le 11 décembre 1969, la République arabe libyenne est proclamée.
(22) Conseil national de transition, composé essentiellement des tribus de la Cyrénaïque.
(23) Le roi Driss Ier s’est engagé aux côtés de l’Algérie, au cours de la guerre de Libération et a abrité les structures du MALG (la base Didouche) notamment.
(24) Il va se proclamer «Guide» de la «Jamahiriya», voulue comme une gouvernance directe par le peuple, à travers les «comités populaires», écrire (à l’image du grand timonier Mao Tsé Toung) et éditer un «Livre vert» pour diffuser ses idées, qui, disait-il, «font la synthèse entre le capitalisme et le socialisme» !
(25) François Soudan : Le retour du parrain», in Jeune Afriquedu 9 juin 2008.
(26) Il s’agit de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina-Faso, de la Guinée.
(27) Le CEN-SAD s’assigne pour objectif de faciliter les relations économiques, sociales, culturelles et cultuelles entre les Etats membres et les Etats africains et arabes.
(28) Fayçal Métaoui : «L’instabilité du Sahel n’est pas née du néant», in El-Watandu 2 juillet 2010, p. 05.
(29) Cette ville située sur la partie nord du fleuve Niger, à plus de 700 km de Bamako, est considérée comme la capitale économique, sociale et religieuse de la région nord du Mali.
(30) La coalition militaire franco-britannique, qui a permis la chute de M. Kadhafi et de son régime, en volant «au secours» du CNT, n’est pas fortuite. Leurs intérêts vitaux respectifs étaient directement menacés dans la région, ce qui explique les réserves initiales des USA à s’impliquer dans le conflit.
(31) René Otayek : La politique africaine de la Libye, Ed. Karthala, Paris, 1986, p. 154.
(32) M. Kadhafi a mis à la disposition de l’armée algérienne, en 1973, les bases navales et aériennes de Benghazi, pour permettre à l’ANP de soutenir l’armée égyptienne, durant la guerre du Ramadan contre Israël.
(33) Il a pris fait et cause, par exemple, pour l’autodétermination du peuple sahraoui, à un moment donné, avant de se renier après et épouser les thèses annexionnistes marocaines.
(34) M. Kadhafi a toujours revendiqué toute la région s’étendant d’In-Amenas à Illizi (ex-Fort Polignac), riche en hydrocarbures, sur la base juridique de l’accord signé entre Mussolini et P. Laval en 1935.
(35) Certaines similitudes avec H. Saddam sont troublantes, lui que l’Occident présentait comme une puissance régionale avec une armée puissante (5e au monde)… L’effondrement de ces deux armées est à méditer dans tous les états-majors.
(36) La reconstruction de la Libye crée déjà des tensions entre les intérêts anciens (Italie, Royaume-Uni, France, USA…) et ceux nouveaux (Chine, Russie, Corée, Japon). A l’évidence, la distribution des contrats juteux de reconstruction se réalisera en fonction du contrôle, exercé par ces pays, sur la composition du CNT et non pas en fonction de la concurrence entre les entreprises multinationales, quant à l’orientation politique une «République islamique» se dessine.
(37) Professeur Hugh Roberts de la Tufts University, in Séminaire El-Watan, «Le printemps arabe», Alger, septembre 2011.
(38) Ghazi Hidouci soutient, dans une interview accordée à Algeria-watch.com, en date du 27 septembre 2011, que «si la situation actuelle en Libye devait persister, dans la réalité sociopolitique structurellement déstabilisée de l’Algérie, ce gouvernement ne pourra pas éviter de devenir le supplétif de la stratégie occidentale au Maghreb».
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