par Yazid Alilat
Entre l’Algérie et le Maroc, ce sera toujours une vieille histoire d’incompréhension, de malentendus et d’incertitudes. Parfois de dérapages dangereux.
Alors que tous les clignotants sont à l’arrêt, du moins pour ceux qui ne suivent pas «de l’intérieur» les relations entre les deux pays, et après un discours du roi musclé envers son voisin de l’Est, comme on dit à Rabat où Meknès, à l’occasion de la fameuse «marche verte», le discours des bonnes intentions est remis sur la table. Cela s’est passé mercredi dernier, sur les hauteurs de Rabat, en face de l’antique ville de Chellah, tout près de l’ambassade américaine, dans la capitale marocaine.
Au sortir de la réunion ministérielle arabe sur la Syrie, les ministres des Affaires étrangères algérien Mourad Medelci et marocain Taïeb Fassi Fihri, se sont longuement entretenus sur la coopération bilatérale. C’était là une occasion pour les deux diplomates de se voir, de discuter du dossier d’une coopération pratiquement au ralenti depuis presque une vingtaine d’années. Après donc les débats turco-arabes de la salle Balafredj où le sort de la Syrie a été scellé, les deux ministres se sont rencontrés pour renouer le fil de la coopération algéro – marocaine.
Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien Amar Belani, ces entretiens ont abordé «en particulier, les relations bilatérales à la lumière des différentes visites sectorielles effectuées par les délégations ministérielles dans les deux pays». Les deux parties ont également «passé en revue les réformes politiques ainsi que l’approfondissement et la consolidation des processus démocratiques dans les deux pays», précise la même source selon laquelle les deux ministres ont souligné l’importance des «échanges de délégations ministérielles dans la consolidation des relations fraternelles entre les deux pays». Cité par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Medelci a souligné que la rencontre avec son homologue marocain a permis de faire un tour d’horizon sur l’état de la coopération entre les deux pays. «Nous sommes en train d’évaluer l’état de la coopération bilatérale à travers les contacts des différents ministres des deux pays qui ont commencé à produire des effets concrets». Selon le ministre algérien, la consolidation de la coopération entre l’Algérie et le Maroc «va nous permettre de nous rencontrer plus souvent, de prendre plus de temps pour échanger des informations sur nos propres défis, sur nos propres préoccupations et de mieux nous comprendre». Un peu énigmatique, il ajoute qu’il «est persuadé que très rapidement on va trouver le chemin qui nous conduira à quelque chose, dont nous rêvons tous, spécialement la relation bilatérale entre l’Algérie et le Maroc, mais également cette ambition que nous avons, nous Maghrébins, de faire le Maghreb ou de participer, en tout cas, à le faire». Il a, d’autre part, formulé le voeu de voir la fraternité et les liens qui unissent lAlgérie au Maroc «mieux révélés» notamment par la presse, de sorte que «nous puissions donner une autre image de chacun de nos pays». Ainsi, a-t-il dit, «nous donnerons certainement beaucoup de chance à notre relation bilatérale». Quant au chef de la diplomatie marocaine, il a insisté sur «la consolidation des relations entre le Maroc et l’Algérie et qu’elles s’inscrivaient dans le cadre d’une feuille de route voulue au plus haut niveau». Après avoir indiqué que les deux pays se «sont mis d’accord» sur la méthode et les moyens de sa mise en oeuvre, M. Fihri a rappelé les échanges de visites effectuées entre des ministres marocains et leurs homologues algériens, notamment ceux de l’Agriculture et de l’Energie, ajoutant qu’il a été décidé que cette coopération allait inclure d’autres domaines. Les deux responsables ont également estimé qu’«il était urgent de réunir le Conseil des ministres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour procéder, entre autres, à l’évaluation de la situation dans la région et dégager les perspectives de la coopération et de l’intégration maghrébines».
Un discours en fait tout ce qu’il y a de diplomatique, mais qui porte en lui-même les ingrédients d’un sentiment partagé que les choses peuvent aller mieux et se développer. La balle, pour beaucoup, est dans le camp marocain d’autant que le déminage des relations algéro – marocaines doit se faire depuis Rabat estiment des observateurs maghrébins.
Le Quotidien d’Oran, 19/11/2011
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