Algérie – Maroc : Que cherche le royaume ?

Moins d’un mois après que Mohamed VI eut appelé, lors de son discours, à l’occasion du 36e anniversaire de la Marche verte, célébrée, dimanche 6 novembre, l’Algérie à coopérer pour donner un nouveau souffle au Maghreb, voilà que le chef de la diplomatie marocaine fait part, à son tour, du désir du royaume d’une normalisation complète des relations avec Alger. 
Jugeant anormal de ne pas avoir une relation, normalisée, avec l’Algérie voisine, Taïb Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré, jeudi à l’AFP, au lendemain d’un entretien avec son homologue algérien, Mourad Medelci, à Rabat, en marge d’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe sur la crise syrienne, que «quelles que soient les divergences, il est anormal de ne pas avoir une relation normalisée avec un pays voisin» comme l’Algérie. 
Évoquant la coopération en cours entre Rabat et Alger, le ministre marocain a estimé que «ce processus se déroule bien et nous pensons qu’il débouchera sur une normalisation complète des relations. «Les deux pays décideront dans un avenir très, très proche de la prochaine étape», a-t-il dit. Alger et Rabat coopèrent, depuis plusieurs mois, dans plusieurs domaines, notamment l’agriculture, et l’énergie, selon le ministre marocain. Plaidant pour une coopération élargie, Taïb Fassi Firhi a, cependant, regretté le «maintien des frontières terrestres fermées». «Nous avons décidé de l’importance de conforter le dialogue politique par rapport à certaines questions arabes» notamment dans «la région sahélo-saharienne», a encore souligné le chef de la diplomatie marocaine. 
Si le processus de coopération, récemment engagé dans plusieurs secteurs entre le Maroc et l’Algérie, se déroule bien, «nous pensons qu’il débouchera sur une normalisation complète de nos relations». «Les deux pays décideront dans un avenir très, très proche de la prochaine étape», a-t-il affirmé. Et de rappeler à Mourad Meldeci la proposition du roi (Mohammed VI) d’un nouvel ordre maghrébin qui tienne compte des changements intervenus en Libye et en Tunisie, mais aussi des aspirations des cinq peuples à un meilleur cadre de vie dans un Maghreb intégré. Pour sa part, Mourad Medelci, a indiqué dans ce sillage que la rencontre avec son homologue marocain a permis de faire un tour d’horizon sur l’état de la coopération entre les deux pays. «Nous sommes en train d’évaluer l’état de la coopération bilatérale, à travers les contacts des différents ministres des deux pays qui ont commencé à produire des effets concrets», a-t-il souligné. Les deux responsables ont également estimé qu’il était urgent de réunir le Conseil des ministres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour procéder, entre autres, à l’évaluation de la situation dans la région et dégager les perspectives de la coopération et de l’intégration maghrébines. 
LES RAISONS D’UNE… DISCORDE 
Il n’est un secret pour personne que les relations algéro-marocaines sont dans l’impasse, depuis des dizaines d’année. Le Sahara occidental (considéré comme marocain) par Rabat demeure la pomme de discorde entre les deux pays. La position de l’Algérie est claire concernant cette question. Jusqu’à présent, les négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario sous l’égide de l’ONU, à propos du Sahara occidental, se sont invariablement soldées par un échec. Rabat propose une large autonomie du Sahara occidental avec un gouvernement et un parlement, locaux, sous sa souveraineté. Le Front Polisario, quant à lui, rejette ce plan et réaffirme «le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination » via un référendum. Seule et unique solution, insiste l’Algérie. De ce fait, Alger n’a jamais été épargnée des accusations de Rabat qui lui reproche son soutien au Front Polisario lequel revendique l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole, envahie par le Maroc en 1975. Le Souverain a en outre dénoncé les pires formes de privation, de répression, d’humiliation dans les camps des réfugiés sahraouis établis à Tindouf et appelé au recensement de ces populations sous l’égide du Haut Commissariat des Nations unies aux refugiés (H-CR). Ces mêmes relations sont également envenimées par les frontières fermées, depuis 1994, après un attentat islamiste à Marrakech (sud du Maroc) que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. Quoi qu’il en soit, normalisation ou pas, ce qui est sûr et même certain c’est qu’aucun des deux pays ne saurait revenir sur ses positions longuement affichées. L’on pourrait peut-être faire avancer la coopération dans le domaine du commerce extérieur, à titre illustratif, mais sur le plan politique, seul l’avenir nous en dira plus ; sachant que L’Algérie a conditionné la réouverture des frontières terrestres à un arrêt des campagnes de dénigrement, menées par les Marocains à l’encontre de l’Algérie.
Farid Houali 
Le Courrier d’Algérie, 19/11/2011

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