La réouverture des frontières algéro-marocaines ne semble pas être à l’ordre du jour. Sur cette question, l’Algérie campe, en effet, sur sa position. Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères, vient de confirmer que cette position n’a pas du tout changé.
Dans une déclaration aux médias à l’issue de sa rencontre, mercredi dernier à Rabat, avec le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi-Fihri, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré la position de l’Algérie sur cette question. «Si cela ne tenait qu’aux relations d’amitié entre les deux peuples on aurait rouvert les frontières, mais cela tenait aussi à plusieurs paramètres» a-t-il ainsi indiqué, sans donner plus de précisions.
Alger, qui reste ainsi sourde aux appels incessants du Maroc dont les officiels n’ont eu de cesse de mettre en avant la nécessité de la réouverture des frontières entre les deux pays fermées en 1994, a conditionné cette question à la réunion de plusieurs facteurs. «C’est une question de principe», ont souvent clamé les responsables algériens. L’Algérie, qui n’est pas donc opposée à la réouverture des frontières, souhaite qu’avant d’arriver à cette étape il est nécessaire de mettre à plat tous les dossiers en suspens.
En somme, la réouverture des frontières ne serait que le couronnement d’un processus et non l’inverse. Cela dit, cette rencontre entre Medelci et son homologue marocain, qui s’est tenue en marge de la 4e session du forum de coopération arabo-turque et à la quelle ont assisté Abdelkader Messahel et l’ambassadeur de l’Algérie au Maroc, a permis aux deux parties de faire le point sur l’état de leurs relations et surtout de renouveler leur volonté politique commune d’aller de l’avant. Et tout indique que ces relations, qui ont traversé des zones de turbulences, sont plutôt prometteuses maintenant, comme l’attestent si bien les déclarations des responsables et des deux ministres.
«Nous sommes en train d’évaluer l’état de la coopération bilatérale à travers les contacts des différents ministres des deux pays qui ont commencé à produire des effets concrets», a souligné Mourad Medelci ajoutant que la consolidation de cette coopération «va nous permettre de nous rencontrer plus souvent, de prendre plus de temps pour échanger des informations sur nos propres défis, sur nos propres préoccupations et de mieux nous comprendre». Optimiste sur l’avenir des relations, le chef de la diplomatie algérienne a aussi précisé que «nous donnerons certainement beaucoup de chances à notre relation bilatérale».
Cette nouvelle ère qui semble s’ouvrir dans les relations bilatérales est sans doute l’expression de la nouvelle initiée cette année et qui s’est traduite par la multiplication de différentes visites sectorielles effectuées par les délégations ministérielles dans les deux pays.
Des visites qui se sont soldées par la signature de nombreux accords de coopération.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, n’est pas en reste en indiquant qu’il a été question de «la consolidation des relations entre le Maroc et l’Algérie» et que cela s’inscrit «dans le cadre d’une feuille de route voulue au plus haut niveau».Et d’ajouter que les deux pays se «sont mis d’accord sur la méthode et les moyens de sa mise en œuvre».
La relance de l’UMA à l’ordre du jour
Cette rencontre a aussi permis aux deux ministres d’évoquer l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui se morfond dans une situation d’inertie totale. Il a, alors, été convenu de l’urgence «de réunir le Conseil des ministres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) pour procéder, entre autres, à l’évaluation de la situation dans la région et dégager les perspectives de la coopération et de l’intégration maghrébines». La date n’a pas été arrêtée, mais cette annonce est éminemment importante, tant la réactivation de cette organisation régionale est en mesure de donner une nouvelle impulsion économique à l’ensemble de la région maghrébine. L’UMA est pratiquement paralysée à cause, notamment, des problèmes des relations entre l’Algérie et le Maroc. Ce dernier pays a toujours accusé son voisin d’en être à l’origine et ce, du moment qu’il soutenait l’autodétermination du peuple sahraoui. L’Algérie, qui s’en est toujours défendu, estime que le problème du Sahara occidental est une question de décolonisation qui relève des prérogatives de l’Onu.
Par : Kamal Hamed
Le Midi Libre, 19/11/2011
Be the first to comment