Les choses se sont faites progressivement. Une partie de ma famille est en Aveyron. Nous sommes aux Bondons. Cette partie de la Lozère a un rapport à la nature assez fort. La plupart de mes films se passent dans des espaces assez vides, ça ressemble. Et ce qui nous a amenés à rester, c’est le rapport aux gens, dans un processus d’échanges et de transmission. Avec l’idée de pouvoir faire un film ensuite ici, en Lozère.
Tout cela était de bonnes raisons pour s’installer et vivre à partir d’ici, tout en continuant mon activité de cinéaste. Mais on peut la faire de n’importe où pourvu que le lieu soit inspirant. La Lozère offre de grandes possibilités de travailler son imaginaire.
Parlez-nous un peu de votre parcours de cinéaste.
La plupart de mes films se déroulent en Afrique, au Sahel ou au Sahara, en Mauritanie, Algérie, Sahara occidental… Ce qui m’y a amené et qu’on retrouve dans mon dernier film, c’est le mode de vie basé sur la transhumance et le nomadisme. Et comment ce mode de vie détermine une façon d’être, de penser, détermine aussi une relation au temps et à l’espace.
Les nomades passent les frontières mais ça reste leur territoire. Le conflit sahraoui, c’est l’histoire de leurs ancêtres. Mon dernier film évoque ce mur de 2 400 km construit dans le Sahara, ce que peu de gens savent. Avec le problème de l’enfermement et de l’entrave. Je voulais témoigner de ça.
Mes films se passent dans un coin du monde bien précis, mais peuvent résonner de façon universelle. La Lozère a pour moi, en tant que cinéaste, la même potentialité. Quand on est sur le mont Lozère, on est là, on pourrait être ailleurs. Les paysages sont immuables. Il y a la possibilité de remonter le temps. Une ville change de physionomie d’année en année. Ça permet aux spectateurs de retrouver une histoire commune à tous les individus.
Vous serez ce soir au Trianon. Est-ce important de rencontrer le public ?
Un film, c’est deux ou trois ans entre l’idée qui naît dans ma tête et le film achevé. La diffusion télévisuelle est importante car elle touche un large public. Ce que permet une salle ou un festival, c’est que les gens se retrouvent ensemble pour une expérience collective. C’est important de revenir sur le film, de l’éclairer autrement. Dans notre société de plus en plus individualiste, pouvoir, parmi d’autres, formuler des questions personnelles est rare. On revient à un échange humain. C’est précieux. Le regard que portent les gens sur mes films m’éclaire sur mon travail. C’est toujours fascinant quand quelqu’un voit quelque chose de nouveau ou de pas prémédité dans votre histoire. Ça fait avancer.
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