Une taupe de la Dgse chez Abou Zeid ?

Dans un précédent article, nous rapportions que les récentes prises d’otages contre des ressortissants européens avaient renseigné sur la présence en force des services spéciaux français dans le Sahel, le Mali et le Niger, notamment. Nous rapportions aussi que les deux géologues enlevés à Hombari, au nord du Mali, semblent être, en fait, des «mercenaires», et il y a de fortes chances pour que leur présence au mali fut liée à la «récupération» des quatre otages enlevés, il y plus d’un an, à Arlit, au Niger. Nous disions aussi que les deux hommes, pour ceux qui connaissent la nature de la circulation d’Européens en Afrique, ne peuvent opérer des actions, quelles qu’elles soient, sans l’autorisation de la Direction générale de la Sécurité extérieure, d’autant plus que le nom d’un des deux otages, au moins, est lié à celui de Bob Denard, «mercenaire» privilégié de la Dgse. 
 
Le fait nouveau, aujourd’hui, est que nos probabilités se renforcent avec les informations dévoilées lundi, 28 novembre, par Paris-Match. Selon le plus grand people français, Philippe Verdon, l’un des deux Français pris en otage, la semaine dernière au Mali, avait déjà été enlevé en Afrique, il y a 20 ans. En 1991, il s’était retrouvé prisonnier aux mains des rebelles au sud du Soudan avant d’être libéré par la Dgse. Cet épisode de la vie de l’otage était jusqu’ici resté secret, selon des analystes français. À l’époque, aux commandes de l’un de ses appareils avec deux passagers, lors d’un survol de la région de Kapoeta au sud du Soudan, Philippe Verdon était passé au-dessus d’un camp de l’opposant John Garang. L’avion du Français avait alors été touché par des tirs de mitrailleuse avant de réussir à se poser. Les milices de Garang avaient ensuite pris en otage les occupants de l’appareil. De son côté, Europe 1 avait révélé, la semaine dernière que Philippe Verdon, qui se présentait comme un géologue, avait un passé sulfureux. Il avait été arrêté en septembre 2003 aux Comores pour avoir voulu renverser le pouvoir du colonel Azali Assoumani, dans une tentative de coup d’État rocambolesque, monté par le commandant Combo, ancien membre de la garde présidentielle, proche de Bob Denard. Le mercenaire français avait alors admis connaître Philippe Verdon. Ce genre de mercenaires n’opère jamais sans l’aval des services spéciaux en terre non française, d’autant plus si leurs activités touchent à la sécurité et aux Affaires étrangères françaises. Alors, Verdon s’est-il laissé «prendre» par Aqmi ? Avec des messages en main, ou une puce de localisation sur le corps, après que les agents de la Dgse eurent échoué à établir le contact avec les preneurs d’otages ? Une taupe de la Dgse chez les islamistes? Il y a tout lieu de le croire…

Fayçal Oukaci

Le Courrier d’Algérie, 30/11/2011

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