La fixation du président français, Nicolas Sarkozy, sur l’Algérie, le Sahara et le Sahel n’a pas de limites. Si le Commandement américain en Afrique, «Africom», continue à chercher la meilleure manière de prendre pied au Sahel, Sarkozy prend le chemin le plus court. Il a convaincu ses pairs de l’Union européenne que l’établissement d’une base militaire s’imposait. Incapable de faire pièce à Aqmi, il a été défait trois fois au Sahel, lors de trois raids au cours desquels il avait tenté de «récupérer» des otages français détenus par Aqmi. Pour Alger, la sous-région saharosahélienne attire décidément beaucoup de monde, et pas que des prêcheurs de la bonne parole. L’intérêt que porte Sarkozy au Sahel, devient alors, carrément dangereux. Surtout lorsqu’il arrive à convaincre Londres, comme il l’a fait pour la Libye.
Il y a quelques jours, le secrétaire d’État britannique, William Hague, a révélé que son gouvernement est en train de cofinancer la construction d’une base militaire à la frontière entre l’Algérie et le Mali pour rendre plus efficace la lutte contre Aqmi dans la région du Sahel. Mieux encore, le responsable du Foreign Office a déclaré que l’Union européenne se préparait à envoyer dans le Sahel une mission d’experts dans le domaine de la lutte antiterroriste. Alger, qui a toujours plaidé pour une armée anti-Aqmi composée des seuls pays du Champ, et mis en chantier ce projet, se trouve subrepticement confrontée à un «grenouillage» qui ne peut qu’être nuisible à la région, car il a été prouvé, dans les faits, que là où des unités opérationnelles occidentales se trouvent, une prolifération de groupes islamistes armés voit le jour.
Les turbulences actuelles au nord Mali ne sont pas innocentes, comme les accusations du CNT et des rebelles libyens contre l’Algérie ne l’ont pas été, elles aussi. En fait, il s’agit de mettre sous contrôle toute la sous-région saharo-sahélienne et d’immobiliser l’action politique et militaire des pays de la région, les rendant incapables de procéder, par euxmêmes, à des actions souveraines. À terme, les pays de la région seront appelés à faire de la sous-traitance pour l’Occident. En termes moins nuancés, il s’agit d’établir de nouveaux comptoirs dans le Sahara et le Sahel, et cela va faire revenir la région pratiquement aux années du colonialisme «soft», à la britannique.
Fayçal Oukaci
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