ALGER – Le réalisateur belge Pierre Yves Vandeweerd a exprimé, dimanche à Alger, son étonnement de voir des personnes en Europe ignorer la question du Sahara occidental, sans aucune connaissance sur le combat et la souffrance du peuple sahraoui.
« J’ai un peu le sentiment que la question sahraouie est peu évoquée en Europe. Je suis toujours étonné quand des personnes me disent, après avoir vu mon film, qu’ils pensaient qu’il n’y avait plus de conflit dans la région », a indiqué le réalisateur à la presse avant la projection de son documentaire « Territoire perdu », dans le cadre des Journées du film engagé d’Alger.
Il a estimé aussi que « beaucoup » de gens en Europe ignoraient l’existence d’une centaine de milliers de sahraouis réfugiés dans des camps en situation d’exil et d’un mur de 2.400 kilomètres qui traverse le Sahara occidental, construit par le Maroc et qui entrave la liberté de mouvement du peuple sahraoui et cela est dû, selon lui, à la manière dont le sujet est traité dans les médias européens.
Interrogé sur le choix de réaliser un documentaire sur le peuple sahraoui, Vandeweerd a d’emblée souligné l’importance de parler de milliers d’individus en situation d’exil depuis plus de 30 ans qui « se trouvent dans une situation d’enfermement physique et moral ». Il a ensuite fait part de son admiration envers les peuples qui, a-t-il dit, « développent une vraie résistance aux difficultés qu’ils endurent ».
A propos du rôle du cinéma engagé, le réalisateur a précisé que c’est un genre cinématographique qui dévoile et rend plus visible des faits ou des situations qui « risquent de devenir invisibles » s’ils ne sont pas évoqués. Pour lui, l’engagement d’un cinéaste signifiait « amener les gens à comprendre et à ressentir les faits et les mécanismes socio-politiques ».
« Territoire Perdu » est un documentaire sorti dans les salles en France en novembre dernier. Il met en avant les souffrances du peuple sahraoui et son isolement du monde suite à l’occupation d’une partie de son territoire.
Il relate les difficultés de la vie dans le désert et celles des populations contraintes à se réfugier dans des camps, après avoir été chassées d’un pays duquel elles sont coupées par un mur long de 2400 kms, construit par l’armée marocaine. Un mur qui installe, de fait, deux entités : une occupée par le Maroc, l’autre sous contrôle du Front de Libération du Sahara occidental (Polisario).
Se basant sur la simple expression du visage, la caméra de Pierre-Yves Vandeweerd met en lumière, dans une première phase, les souffrances endurées par les Sahraouis, en exil « forcé » depuis 1976, dans des camps, mais aussi les rêves des uns et des autres dont le plus cher : celui de retrouver un jour sa patrie.
D’autres témoignages de Sahraouis vivant dans les territoires occupés, recueillis par téléphone, font état aussi de persécution des forces de l’ordre marocaines et des tortures au quotidien dont font l’objet des militants des droits de l’homme sahraouis.
« Territoire Perdu » a été déjà sélectionné au Forum du festival de Berlin (Berlinale) en février dernier ainsi qu’au festival Visions du réel à Nyon (Suisse du 7 au 13 avril 2011) où il a été projeté les 9 et 12 avril. Il a été projeté à l’occasion du Festival FiSahara, du 2 au 8 mai, en avant-première dans les camps des réfugiés sahraouis, et au festival de Munich (Allemagne), du 4 au 11 mai, en compétition internationale. Sa sortie en salles en Belgique est prévue pour la fin du mois de janvier prochain.
Dix-huit (18) films, longs et courts-métrages, sont au menu des Journées du film engagé d’Alger qui ont débuté mardi. Des films franco-algériens, suisses, belges, américains et palestiniens sont à l’affiche, à raison de trois projections par jour, tout au long de ces journées qui prendront fin le 5 décembre (mardi).
Un regard particulier a été accordé à la Palestine à travers deux focus sur le cinéma palestinien au féminin avec une dizaine de courts métrages réalisés par des Palestiniennes abordant les différents genres d’engagement outre celui relatif à la politique.
Parmi les films sélectionnés figurent « Ecuador » du réalisateur suisse Jacques Sarasin, « Territoire perdu » du belge Pierre Yves Vandeweerd et « Personna non grata » de l’américain Oliver Stone qui a été récemment honoré, lors de son passage remarqué à Alger. Le film « Poussière de vie » de Rachid Bouchareb est programmé pour la clôture.
APS
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