La nouvelle est tombée, de Nouadhibou lundi soir: une unité de Force antiterroriste a arrêté et acheminé vers Nouakchott ‘pour complèment d’enquêtes’ deux citoyens sahraouis.
Des sources officielles parlent d’une arrestation pour entrée illégale en Mauritanie. Un «délit» qui n’a pas toujours provoqué ni l’intervention des brigades antiterroristes ni l’acheminement vers la capitale.
D’autres sources, non moins officielles, parlent de suspects dans l’enlèvement à Tindouf et la livraison à AQMI de deux humanitaires espagnols et une italienne. Faits qui ont eu lieu en fin d’octobre dernier. Il parait que c’est l’avis le plus partagé chez nous. Bien que ce soit à mettre au conditionnel.
Acte de piraterie ?
Déjà, des juristes ont des doutes sur le respect des procédures concernant cette arrestation. Les faits qui seraient attribués aux suspects ont eu lieu en dehors de la Mauritanie; et ils n’ont visé aucun citoyen mauritanien. Ensuite, aucune information judiciaire n’aurait été, selon eux, ouverte dans les pays concernés directement (l’Espagne – l’Italie – l’Algérie et approximativement le Maroc). Et de facto, les suspects ne sont l’objet d’aucune poursuite judiciaire, au moins par rapport à cette affaire.
Le grand défi pour notre pays sera, sans doute, le devoir de statuer, dans les prochains jours et semaines, sur le sort des deux suspects.
Est-ce qu’il va les juger pour un crime qui n’a pas été commis sur son sol et qui ne l’a pas visée ? Vu la non compétence des juridictions mauritaniennes, ça risquerait d’être considéré comme un acte de piraterie. Et inutile de dire que ce genre d’acte pourrait être compris dans les méthodes des gangs, mais il ne peut, en aucun cas, être toléré si son commanditaire est un Etat de droit. Surtout si on n’est pas sûr que cet Etat pourra en assumer les conséquences.
Est-ce qu’il va les extrader vers l’Espagne ou l’Italie ? Elle devrait donc confronter deux obstacles. D’abord, elle n’a pas le droit de livrer un citoyen sahraoui à un pays tiers. Ensuite, on n’est pas sûr que l’Espagne et l’Italie aient réellement la volonté de les recevoir. Ils auraient peut-être préféré les garder dans un pays où la violation des lois ne constitue pas un grand problème, pour pouvoir ensuite les échanger contre leurs ressortissants enlevés (le cas d’Omar Sahraoui n’est pas loin).
Est-ce qu’il va les extrader vers l’Algérie où l’enlèvement, donc le crime, a eu lieu ? Ça risque de provoquer le Maroc qui aurait certainement refusé l’extradition vers un pays étranger de ses citoyens, (se basant sur la ‘marocanité’ du Sahara occidental).
Est-ce qu’il va les extrader vers le Maroc ? Ce sera synonyme de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ça risque de provoquer l’ire de l’Algérie. Egalement, on ne peut pas imaginer que la Mauritanie répète une «erreur» qu’elle a déjà commise et qui lui a coûté cher. Il s’agit de son manque de neutralité. Lorsque l’ambassadeur de la Mauritanie à Rabat a effectuée, fin 2009, une visite à la ville sahraouie d’Aïoun. Ce qui a déclenché l’«affolement» des algériens qui y ont vu une reconnaissance de la souveraineté marocanité sur le Sahara. Ils se sont vengés en isolant la Mauritanie et en la laissant seule face à AQMI.
Par contre, la Mauritanie peut se débarrasser de ce dilemme en convainquant les Européens d’exercer, à sa place, des pressions sur l’Algérie et le Maroc, afin que l’un reçoive les suspects et l’autre cesse de crier au scandale. Et même dans cet état de figure, on n’est pas sûr que notre diplomatie actuelle puisse convaincre qui que ce soit, à plus forte raison les européens.
Inutile d’évoquer une autre possibilité: juger les suspects pour être entrés clandestinement en Mauritanie. Car, ce sera une preuve de notre absurdité face à l’enlèvement de citoyens de pays avec lesquels nous partageons beaucoup de valeurs; notamment le risque de la propagation du terrorisme.
Mohamed El Mechri Ould Rabbany
D’autres sources, non moins officielles, parlent de suspects dans l’enlèvement à Tindouf et la livraison à AQMI de deux humanitaires espagnols et une italienne. Faits qui ont eu lieu en fin d’octobre dernier. Il parait que c’est l’avis le plus partagé chez nous. Bien que ce soit à mettre au conditionnel.
Acte de piraterie ?
Déjà, des juristes ont des doutes sur le respect des procédures concernant cette arrestation. Les faits qui seraient attribués aux suspects ont eu lieu en dehors de la Mauritanie; et ils n’ont visé aucun citoyen mauritanien. Ensuite, aucune information judiciaire n’aurait été, selon eux, ouverte dans les pays concernés directement (l’Espagne – l’Italie – l’Algérie et approximativement le Maroc). Et de facto, les suspects ne sont l’objet d’aucune poursuite judiciaire, au moins par rapport à cette affaire.
Le grand défi pour notre pays sera, sans doute, le devoir de statuer, dans les prochains jours et semaines, sur le sort des deux suspects.
Est-ce qu’il va les juger pour un crime qui n’a pas été commis sur son sol et qui ne l’a pas visée ? Vu la non compétence des juridictions mauritaniennes, ça risquerait d’être considéré comme un acte de piraterie. Et inutile de dire que ce genre d’acte pourrait être compris dans les méthodes des gangs, mais il ne peut, en aucun cas, être toléré si son commanditaire est un Etat de droit. Surtout si on n’est pas sûr que cet Etat pourra en assumer les conséquences.
Est-ce qu’il va les extrader vers l’Espagne ou l’Italie ? Elle devrait donc confronter deux obstacles. D’abord, elle n’a pas le droit de livrer un citoyen sahraoui à un pays tiers. Ensuite, on n’est pas sûr que l’Espagne et l’Italie aient réellement la volonté de les recevoir. Ils auraient peut-être préféré les garder dans un pays où la violation des lois ne constitue pas un grand problème, pour pouvoir ensuite les échanger contre leurs ressortissants enlevés (le cas d’Omar Sahraoui n’est pas loin).
Est-ce qu’il va les extrader vers l’Algérie où l’enlèvement, donc le crime, a eu lieu ? Ça risque de provoquer le Maroc qui aurait certainement refusé l’extradition vers un pays étranger de ses citoyens, (se basant sur la ‘marocanité’ du Sahara occidental).
Est-ce qu’il va les extrader vers le Maroc ? Ce sera synonyme de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ça risque de provoquer l’ire de l’Algérie. Egalement, on ne peut pas imaginer que la Mauritanie répète une «erreur» qu’elle a déjà commise et qui lui a coûté cher. Il s’agit de son manque de neutralité. Lorsque l’ambassadeur de la Mauritanie à Rabat a effectuée, fin 2009, une visite à la ville sahraouie d’Aïoun. Ce qui a déclenché l’«affolement» des algériens qui y ont vu une reconnaissance de la souveraineté marocanité sur le Sahara. Ils se sont vengés en isolant la Mauritanie et en la laissant seule face à AQMI.
Par contre, la Mauritanie peut se débarrasser de ce dilemme en convainquant les Européens d’exercer, à sa place, des pressions sur l’Algérie et le Maroc, afin que l’un reçoive les suspects et l’autre cesse de crier au scandale. Et même dans cet état de figure, on n’est pas sûr que notre diplomatie actuelle puisse convaincre qui que ce soit, à plus forte raison les européens.
Inutile d’évoquer une autre possibilité: juger les suspects pour être entrés clandestinement en Mauritanie. Car, ce sera une preuve de notre absurdité face à l’enlèvement de citoyens de pays avec lesquels nous partageons beaucoup de valeurs; notamment le risque de la propagation du terrorisme.
Mohamed El Mechri Ould Rabbany
NoorInfo, 6/12/2011
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