La Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo, MONUSCO, ne quittera pas la RDC à la fin de son mandat actuel. Il pourrait être prorogé encore de deux ans. La question est à l’étude au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Un nouveau mandat qui pourrait aller jusqu’au 30 juin 2014.
Raymond Tshibanda, ministre à la Coopération internationale, a séjourné dernièrement à New York, siège de l’Organisation des Nations unies, ONU. L’objectif est d’obtenir du Conseil de sécurité le prolongement du mandat de la MONUSCO. De façon précise, Raymond Tshibanda a relevé que le Conseil de sécurité devrait revoir le volet de sa mission consacrée à l’aspect militaire de la MONUSCO, mais porter cette assistance au plan financier d’autant plus que la RDC avait besoin « de l’aide financière» pour son programme de reconstruction et de développement.
En début de cette semaine, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a plaidé dans le même sens que le ministre congolais. Dans sa plaidoirie, il propose la prorogation du mandat de la MONUSCO jusqu’au 30 juin 2014 afin qu’elle se consacre à la «mission de stabilisation de la RDC». Il fait remarquer que si certains progrès ont été enregistrés, beaucoup restent encore à faire au Congo-Kinshasa. Et de préciser que c’est après concertation avec les autorités de Kinshasa que cette demande est formulée.
Il revient à dire que si cette proposition est acceptée, la mission de la MONUSCO qui devait prendre fin le 30 juin 2012, sera prorogée jusqu’au 30 juin 2014. Au total, cette présence onusienne aura été de 15 ans depuis que le Conseil de sécurité avait répondu à l’appel du gouvernement de Kinshasa.
En effet, par sa résolution 1279, le Conseil de sécurité a déployé en RDC une «mission d’imposition de paix», dénommée, Mission des Nations unies au Congo, MONUC. Son mandat s’est achevé le 30 juin 2010. Cependant, par la résolution 1925 du 28 mai 2010, le mandat de la MONUC avait été modifié pour celui de «la stabilisation» de la RDC. Ainsi, MONUC devient MONUSCO (Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo). Ce mandat prend fin le 30 juin 2012 avec cette probabilité d’être reconduit au 30 juin 2014. L’ONU aura ainsi totalisé 15 ans de présence en République démocratique du Congo.
Certes, la MONUSCO n’est pas la vieille mission de paix de l’ONU dans le monde. La FINUL a été instituée au Liban en 1978, elle y est encore. La MINUSO, au Sahara occidental, est là depuis 20 ans.
Une vive interpellation
Si ces faits sont réels, il ne signifie nullement qu’il faut s’en accommoder. Bien au contraire, il s’agit d’une vive interpellation qui pose le problème de bonne gouvernance, de haute responsabilité politique, de démocratisation compris dans le sens large de ces termes. Ensuite, de s’interroger absolument si le Conseil de sécurité est content d’avoir rempli jusqu’ici sa mission en RDC. D’autant plus que d’un côté, l’on s’est embrouillé dans l’interprétation sélective du chapitre VII de la Charte de l’ONU portant recours à la force, et de l’autre, la stabilisation n’est réalité que quand il y a la paix et la sécurité. Deux faits qui interpellent le Conseil de sécurité.
Il est aussi vrai qu’une question vient souvent à l’esprit : «Que serait-il arrivé si la MONUC, ensuite la MONUSCO, n’était pas là ? » Une interrogation qui, en soi, soulève l’épineux problème de la maturité politique de la classe politique congolaise, son sens de responsabilité et sa vision dans la gestion du pays.
Pour les besoins de l’histoire, c’est la deuxième fois que l’ONU revient au Congo. Il y a eu déjà l’ONUC en 1960 qui a dû faire la guerre pour préserver l’unité du pays. Revenue en 1999 dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, la mission de paix de l’ONU a du mal à rééditer l’exploit. Certes, n’eut été elle, on parlerait aujourd’hui un autre langage et le pire serait déjà arrivé. Cependant, la situation de «ni paix, ni guerre» sur fond d’insécurité, de pillages économiques, de risque de balkanisation est dangereuse pour le devenir d’une nation.
C’est ici que se situe l’essence de cette interpellation. Or, les élections 2011 devraient donner une réponse exacte à cette préoccupation. Mais tel que les événements se déroulent, la stabilisation de la RDC demeure encore un vœu pieux.
Les temps des grandes réformes
Une fois de plus, l’on ne doit pas s’accommoder de la présence de l’ONU. C’est même une injure devant cette incapacité des Congolais à ne pas assimiler des enseignements en un temps record. Le mérite de cette présence onusienne réside dans cette capacité à tirer les leçons utiles qui s’imposent.
L’on se souviendra qu’en 2009, de nombreux pays avaient menacé de ne plus continuer à contribuer au financement de la MONUC, elle qui coûte déjà une bagatelle somme de plus d’1 milliard de dollars par an. Déçus par les turpitudes de la classe politique, ils avaient aussi refusé de financer une force militaire internationale pour traquer les forces négatives. Suite à leurs pressions, le mandat de la MONUC a été transformé en MONUSCO.
Mais au-delà également, il y a une question d’intérêts. Ceux qui financent les missions de paix de l’ONU ne sont pas des enfants de chœur. Il arrivera un moment où ils vont arrêter, net, à mettre la main dans la poche s’ils ne rentrent pas dans leurs frais. Ce qui se passe en Irak, Afghanistan et maintenant la Libye est édifiant. Peu importe ce qu’il adviendra à la RDC.
Tout ceci ramassé, soulève la pertinente interrogation autour de la mise en œuvre de grandes réformes dans le domaine de l’armée, de la justice, de l’administration, de l’existence des institutions nationales et régionales fortes. Tant que la volonté politique ne sera qu’un leurre, pour des raisons inavouées, la présence de l’ONU en RDC est interprétée comme une incapacité des Congolais à s’assumer, une mise de ce pays sous-tutelle de l’ONU.
FREDDY MONSA IYAKA DUKU
Be the first to comment