Liberté : 21 – 01 – 2012
Un des objectifs prioritaires de la visite de Mariano Rajoy au Maroc est très certainement la reconduction de l’accord de pêche que l’Union européenne vient de rejeter arguant de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. Le Parlement européen avait, en effet, rejeté en décembre la prolongation d’un an d’un accord de pêche entre les 27 et Rabat. L’essentiel de la flotte communautaire opérant sur les côtes marocaines est espagnole. Sur 119 licences de pêche attribuées à la flotte européenne 100 reviennent à des opérateurs espagnols. Aussitôt ce refus notifié, le Maroc a alors interdit aux pêcheurs majoritairement espagnols d’opérer dans ses eaux. Aussi, les pêcheurs espagnols, la plupart originaires de l’Andalousie, mettent actuellement la pression sur leur gouvernement pour qu’ils puissent soit reprendre leurs activités ou que la Commission européenne les indemnise des préjudices subis. Dans cette affaire, les premières victimes sont d’abord les pêcheurs espagnols qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage. Nonobstant la crise économique qui fait rage en Espagne. De toute évidence, Rajoy tient à la reconduction de cet accord de pêche avec l’Union européenne. Benkirane serait, pour sa part, disposé à conclure un nouvel accord fondé sur de nouvelles bases.
Ce qui n’est pas du goût des pêcheurs et des écologistes marocains qui, décidément, ne veulent plus mordre à l’hameçon européen. Pour le Collectif pêche et développement durable, “l’accord n’a pas contribué au développement de la pêche marocaine, contrairement aux engagements pris”. Il n’y aura eu, pour ainsi dire, aucune valeur ajoutée apportée à l’industrie marocaine, ni de respect de la clause de débarquement des captures dans les ports marocains, ni de l’obligation de la présence d’un contrôleur scientifique marocain sur les navires européens. Au-delà de la problématique de la préservation des ressources halieutiques, d’autres considérations financières viennent se greffer à ce dossier.
Des estimations ont évalué les pertes provisoires du secteur de la pêche en Espagne à plus de 300 millions d’euros. À titre de comparaison, la contrepartie versée au Maroc sous l’ancien accord ne dépassait pas les 36 millions d’euros par an. Un énième échange inégal entre les deux rives de la Méditerranée.
M-C.L.
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