Karima Bennour
La Nouvelle République : 21 – 01 – 2012
La Nouvelle République : 21 – 01 – 2012
Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Saâd-Eddine El-Othmani, sera, dès demain, à Alger. Cette visite, la première qu’il effectue à l’étranger, intervient à l’invitation du chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci.
Elle intervient aussi quelques jours après la présentation devant le Parlement marocain, jeudi dernier, du programme du gouvernement du nouveau Premier ministre Benkirane et la rencontre, vendredi à Rabat, qui a réuni M. Othmani avec le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Maghreb, Raymond Maxwell. rappelons qu’à l’issue de sa rencontre, lundi dernier, avec les ambassadeurs arabes et africains accrédités à Rabat, M. Othmani a, au cours d’une conférence de presse, indiqué en réponse à une question sur les relations algéro-marocaines que Rabat «fera tout son possible pour hisser le niveau des relations maghrébines, particulièrement avec l’Algérie».
Le Maroc lors des dernières élections législatives tenues après le scrutin référendaire sur la nouvelle Constitution du royaume chérifien a vu le Parti de la justice et du développement remporter le scrutin. Une nouvelle étape dans la gestion politique, de gouvernance et du traitement des questions et des dossiers sur les plans national, régional et international marqués par les mutations en cours dans les relations internationales sur fond de la crise économico-financière et des évènements dans le Monde arabe. Même si le dégel des relations entre Alger et Rabat est au centre des lectures politico-médiatiques sur la visite du responsable marocain en Algérie, d’autre questions seront certainement au menu des discussions, dont l’ouverture des frontières terrestres entre les deux pays, fermées suite à la décision prise par Alger en réaction à celle prise unilatéralement par Rabat instaurant le visa aux Algériens en 1994. A ce propos, le Maroc, qui n’a cessé ces dernières années de multiplier ses appels en direction d’Alger pour la réouverture de la frontière terrestre entre Rabat et Alger, compte par le biais de la visite de M. Othmani discuter concrètement de la question, d’autant plus que du côté d’Alger, les préoccupations et les attentes quant à toute réouverture des frontières sont liées à des questions déterminantes, pour ne citer que le lourd dossier de la drogue (le Maroc est classé premier producteur du kif au monde). Par ailleurs, Alger et Rabat ont été en mesure, récemment, de hisser leurs relations économiques à un niveau plus élevé.
Le Maroc qui a été l’invité d’honneur à Alger du 7e Salon internationale de l’agriculture, avec la présence de 150 opérateurs économiques, et la visite du ministre algérien de l’Agriculture au Maroc, sanctionnée par la signature d’accords, montrent la volonté politique d’Alger de consolider davantage la coopération bilatérale. A ce propos, Mourad Medelci a eu à déclarer début janvier sur les ondes de la Chaîne III que «la fermeture de la frontière entre les deux pays frères que sont l’Algérie et le Maroc n’a jamais été considérée comme une décision définitive», indiquant plus loin que «le rapprochement qui s’opère depuis plusieurs mois» entre Alger et Rabat «va être consolidé avec le nouveau gouvernement marocain ; toutes ces évolutions travaillent à la normalisation des relations avec le Maroc à terme». Aussi, l’économie marocaine étant liée fortement à celles de ses partenaires occidentaux, dont l’Espagne et la France frappés de plein fouet par la crise économico-financière, n’est pas à l’abri. Devant le Parlement marocain, jeudi dernier, le Premier ministre a annoncé qu’il prévoyait une croissance de 5,5% pour les quatre années à venir. Ce qui illustre les défis qui se posent au Maroc en termes de consolidation de son économie, création d’emplois et baisse du taux de chômage qui concerne en grand nombre les diplômés.
Le chômage, qui a atteint un taux officiel de 9,6% et touche près de 31,4% des jeunes de moins de 34 ans, constitue un souci majeur pour le gouvernement de Benkirane, l’opposition ayant vite fait d’afficher son scepticisme. Il est par ailleurs utile de noter que si le volet économique arrive à enregistrer des avancés entre Alger et Rabat, le volet politique, lié aux questions de l’actualité régionale et internationale, connaît des divergences de fond, citons l’immigration clandestine, l’Union pour la Méditerranée, la crise en Syrie… et le statut avancé accordé au Maroc par l’Union européenne du fait de la convergence politique entre le royaume chérifien et les membres de l’UE, principalement la France, sans oublier celui accordé au Maroc pour accéder au Conseil de coopération des pays du Golfe.
D’autre part, la décolonisation du Sahara Occidental, inscrite à l’ONU depuis 1966, est un processus jusqu’à l’heure inachevé depuis l’invasion par le Maroc des territoires sahraouis en 1975. L’attachement de l’Algérie à faire valoir le respect et l’application du droit international pour le Sahara Occidental s’inscrit dans l’esprit et les textes de la Charte onusienne. A ce propos, il est à rappeler que le Premier ministre marocain, dans une déclaration sur le rapprochement entre Alger et Rabat, a déclaré que «si nos différends avec l’Algérie sont réglés avec l’ouverture des frontières, le problème du Sahara sera résolu». Ce qui renseigne sur l’absence de toute nouvelle donne dans la politique étrangère de Rabat, signifiée plus explicitement avec la désignation de l’ex-ministre des Affaires étrangères TaIb Fassi Fihri au poste de conseiller du roi Mohammed VI.
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