Le nouveau ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Saâd-Eddine El Othmani est attendu aujourd’hui à Alger pour une première visite officielle de deux jours en Algérie où il s’entretiendra dans un premier temps avec son homologue algérien Mourad Medelci, puis sera également reçu par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.
Il s’agit de la première visite officielle à l’étranger du nouveau chef de la diplomatie marocaine qui témoigne du dégel des relations entre les deux pays, malgré la persistance de nombreux contentieux. Un dégel qui, rappelons-le, a été engagé depuis quelques mois avec l’ancien gouvernement marocain à travers un raffermissement des relations économiques.
A ce titre, dans un communiqué à l’APS, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dira que cette visite s’inscrit dans le cadre de « la dynamique constructive engagée par les deux pays à travers l’échange de visites ministérielles et la concertation pour raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères ».
De ce fait, à l’ordre du jour de cette visite, outre les relations bilatérales, les deux ministres devront essentiellement examiner d’une part, » les voies et moyens susceptibles de relancer l’Union du Maghreb arabe en réorganisant certaines de ses institutions et de ses mécanismes en vue d’une meilleure efficacité », d’autre part « les questions régionales et internationales d’intérêt commun », a ajouté le porte-parole de la diplomatie algérienne. Il y va sans dire que la question de l’ouverture des frontières figurera également dans les discussions algéro marocaines.
Ainsi, s’agissant de la reconstruction de l’UMA, en panne depuis plusieurs années, l’Algérie a d’ores et déjà, à plusieurs reprises, affiché son souhait pour cet objectif. Mourad Medelci avait récemment déclaré que « l’UMA est une construction qui passe par une nouvelle organisation de nos rapports, une modification de certaines de nos institutions et la création de nouveaux mécanismes (…) Les changements survenus en Tunisie, en Libye et dans d’autres pays arabes ne peuvent que nous encourager à accélérer la construction de l’UMA ». Pour sa part, l’ancien chef de la diplomatie marocaine, Taeib Fassi Fihri avait indiqué que cette reconstruction se ferait à travers un » nouvel ordre maghrébin qui tienne compte des changements intervenus en Libye et en Tunisie, mais aussi des aspirations des cinq peuples à un meilleur cadre de vie dans un Maghreb intégré « . Concernant le sujet épineux de la réouverture des frontières terrestres qui semble beaucoup plus préoccuper le Maroc, rappelons que, Mourad Medelci avait souligné que « la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc n’a jamais été une décision définitive. Le rapprochement qui s’opère avec le Maroc va se consolider avec le nouveau gouvernement marocain. Toutes ces évolutions travaillent à une normalisation à terme des relations entre Alger et Rabat ». Doit-on s’attendre à ce que cette question soit résolue ?
Ce choix de l’Algérie comme première destination étrangère du ministre marocain, est-ce un prémice d’une embellie, une nouvelle page dans les relations entre les deux pays voisins ? Les échanges économiques mis en route que dernièrement, sont-ils un gage de bonne volonté pour de meilleures relations bilatérales ? Les frontières, seront-elles ouvertes à l’issue de cette visite ? Sachant que Rabat en fait sa fixation première, quelle sera la réponse d’Alger? Et la question du Sahara Occidental considérée l’un des dossiers majeurs figurant dans le contentieux entre Alger et Rabat, les deux parties, trouveront-elles un terrain d’entente sur la question de l’autodétermination du peuple sahraoui ? Arriveront-elles à surmonter cet obstacle politique ? Ce sont là tant de questions qui reviennent dans l’opinion publique surtout que tout le monde sait que les relations algéro- marocaines restent des plus complexes bien que les intérêts communs ne manquent point.
Par Maissa B.
Les Débats, 23/1/2012
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