Un délai suffisant pour procéder, avec les responsables algériens, à une véritable mise à plat d’une relation qui, constate-t-on des deux côtés de la frontière, n’est pas ce qu’elle aurait dû être.Dans un communiqué annonçant la visite de Saad Eddine El Othmani, les autorités algériennes indiquent que celle-ci s’inscrit dans le cadre de «la dynamique constructive engagée par les deux pays à travers l’échange de visites ministérielles et la concertation pour raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères». La discussion, apprend-on de même source, sera étendue à l’UMA (Union du Maghreb arabe), à l’arrêt depuis 1994, date de son dernier sommet, et condamnée à l’inaction en raison de l’opposition du Maroc qui s’est manifestée en décembre 1995 à la suite d’un vote de l’ONU relatif à la question du Sahara occidental.
Rabat a, en effet, demandé la suspension du fonctionnement de l’UMA, reprochant à l’Algérie son soutien au peuple du Sahara occidental. On croyait pourtant que cet ensemble régional était suffisamment prémuni contre ce type d’action, puisque sa création, en 1988 à Alger, a été décidée au lendemain dès lors que cette question faisait l’objet de négociations entre les deux parties (Maroc et Front Polisario), et surtout depuis que le défunt souverain marocain Hassan II avait solennellement affirmé en 1987, que ce conflit n’a jamais opposé son pays à l’Algérie. C’est cette mise au point qui a permis un nouveau départ dans les relations bilatérales, élément essentiel dans la construction maghrébine.
De la même manière, l’Algérie a toujours fait en sorte que les relations bilatérales ne soient en aucun cas liées notamment au dossier sahraoui, Alger soulignant que celui-ci est pris en charge par les Nations unies.
A l’inverse, bien entendu, des autorités marocaines qui avaient accusé les services algériens d’avoir commis l’attentat de Marrakech en juillet 1994, et immédiatement imposé aux ressortissants algériens, le visa d’entrée sur son territoire. Alger a répliqué en appliquant la réciprocité et surtout fermé sa frontière terrestre avec le Maroc. Même les plus proches alliés des Marocains avaient détruit cette accusation.
Dans le même temps, les Algériens avaient demandé un examen approfondi des relations bilatérales, ce qui n’a pas été rejeté par les Marocains qui avaient même accepté la mise sur pied de cinq commissions mixtes. Sauf que celles-ci n’ont jamais accompli leur mission, les Marocains refusant d’y siéger. Ces derniers ont même souligné qu’il n’y aura pas de normalisation des relations bilatérales tant que ne sera pas réglée la question du Sahara occidental. Et là, la précision s’impose puisque les Marocains ne voulaient rien d’autre que la reconnaissance de leur occupation du Sahara occidental, celle-ci se faisant, selon eux, dans le cadre de «leur souveraineté nationale».
Cette même question a été déplacée au sein de l’UMA, pressée elle aussi de reconnaître ce fait colonial. La réplique a été cinglante, puisque, faisait-on valoir, aucune menace ne pèse sur les frontières internationalement reconnues du Maroc, ce qui les distingue clairement de celles que lui-même veut s’octroyer. Encore, devrait-on dire, l’UMA a surtout subi le poids du choix de ses membres, l’Algérie en ce qui la concerne, en faisant un choix stratégique, quant au Maroc qui a décidé de rejoindre le CCG (Conseil de coopération du Golfe) a pendant longtemps privilégié sa relation avec l’Europe. Beaucoup a été dit sur cette frontière terrestre encore fermée, les Algériens refusant d’en faire une question à part. Qu’en sera-t-il alors d’une relation qui, sans être en aucun cas complexe, nécessite une approche globale ?
Mohammed Larbi
El Watan, 23/1/2012
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