par Ghania Oukazi
Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines en a d’ailleurs fait allusion en tenant à clarifier la contextualité de la visite du MAE marocain aujourd’hui à Alger. «Cette visite s’inscrit dans la logique des choses», a déclaré en effet Abdelkader Messahel lors d’une rencontre qu’il a organisée hier avec la presse au siège de son ministère expressément pour préciser l’ordre du jour de la réunion des pays du champ prévue les 23 et 24 de ce mois à Nouakchott et celui du sommet de l’Union africaine qui se tiendra les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba.
«La logique des choses» est, selon le ministre délégué, «une série de visites officielles qui a été effectuée sur ces deux dernières années dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc». Messahel note à cet effet qu’ «il y a une volonté politique partagée pour redynamiser les relations bilatérales ainsi que l’Union du Maghreb arabe (UMA)». Volonté qui s’inscrit en toute évidence dans un contexte régional marqué par les violentes insurrections qui ont éclaté en Tunisie et en Libye, et qui placent les pays de la région face à leurs propres contradictions. Il est évident que la redynamisation de l’Union du Maghreb arabe (UMA) soudainement sortie des tiroirs de ses pays membres est loin d’être une coquetterie politique. Elle leur est imposée aujourd’hui comme une exigence géostratégique imparable.
«L’OUVERTURE DES FRONTIERES N’EST PAS A L’ORDRE DU JOUR»
C’est ce qui a poussé le ministre délégué à affirmer sans ambages que «l’ouverture des frontières ne figure pas à l’ordre du jour de nos réunions». Il est convaincu que «si on en reste aux frontières, on n’apportera aucune plus-value ni à l’Algérie ni au Maroc». La question du Sahara Occidental ne sera pas non plus abordée puisqu’elle revêt les mêmes aspects polémiques que celle de l’ouverture des frontières. «Le règlement du conflit sahraoui relève des Nations unies, d’ailleurs le Maroc et le Front Polisario poursuivront leurs négociations en février prochain aux Etats-Unis», tient-il à rappeler. Messahel est ainsi persuadé que «l’essentiel pour nos deux pays, est qu’on ne va pas poser les problèmes d’une manière brutale, nous avons convenu d’adopter une démarche pragmatique».
Le pragmatisme dont parle le responsable algérien a été exprimé à travers les visites sectorielles des ministres qui ont été effectuées de part et d’autre. Il indique ainsi qu’une dizaine de secteurs se voient régulièrement pour échanger leurs expériences respectives, coopérer ensemble et signer des contrats. Les deux pays ont eu à en faire une première évaluation lors du forum économique arabo-marocain qui a été organisé à Rabat le 16 novembre 2011. «Nous avons fait l’évaluation de cette coopération sectorielle et sommes convenus de l’élargir à d’autres secteurs comme la justice et l’environnement», dit-il.
1,2 MILLIARD DE DOLLARS D’ECHANGES AVEC DES FRONTIERES FERMEES
Les deux ministres discuteront sur «les vrais dossiers qui élargissent et renforcent les relations entre les deux pays», réaffirme-t-il. Il estime qu’on «est confronté aux mêmes problèmes comme la sécheresse, l’eau, la désertification, pas seulement avec le Maroc mais avec tous les pays de la région». C’est d’ailleurs au profit de cette démarche de coopération que les pays membres de l’UMA ont, sur proposition de l’Algérie, créé en 2003 le comité économique maghrébin (CEM). A cette époque, l’Algérie avait présenté une étude, une sorte de feuille de route, dans laquelle elle recommandait à ses partenaires de l’UMA de réfléchir sur une coopération de réalisation de grands projets structurants pour la région. Etude qui, pensent ses concepteurs, est toujours d’actualité.
Le Maroc est le premier partenaire commercial de l’Algérie dans le Maghreb pour des échanges «officiels» qui n’ont même pas atteint le milliard. En effet, les échanges algéro-marocains sont de l’ordre de 700 millions de dollars avec une balance commerciale marquée par les exportations du gaz algérien suivies bien loin par des produits industriels et agricoles de part et d’autre. Ceci pour ce qui est du commerce légal. Mais avec des frontières fermées, les deux pays se sont toujours échangé des quantités importantes de produits divers qui vont des tenues traditionnelles, aux matériaux de construction en passant surtout par les carburants et autres produits alimentaires de première nécessité. Ces échanges informels sont évalués à 1,2 milliard de dollars depuis que les frontières ont été fermées. Ceci en comptant avec les virées touristiques notamment d’Algériens vers le Maroc. L’on compte près de 45 000 travailleurs marocains en Algérie dont 500 détiennent un registre de commerce.
Le Quotidien d’Oran, 23/1/2012
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