Le Maroc s’inquiète de la crise du carburant algérien

par Mohamed Nadir
La crise du carburant que les wilayas de l’ouest algérien vivent depuis quelque temps, à ce point, touché la zone-est du voisin marocain que l’Observatoire de la contrebande de la chambre de Commerce d’Oujda qui craint le pire pour l’avenir, vient d’appeler les autorités du Royaume à prendre les mesures qui s’imposent afin de prévenir une paralysie de toute la région: «Les flux de carburant vendus en contrebande peuvent être coupés à tout moment. Ainsi, l’alimentation d’un stock stratégique de carburant national au niveau de l’Oriental, s’avère nécessaire», a affirmé l’Observatoire dans son adresse, relayée par le journal « Aujourd’hui le Maroc », en soulignant que, depuis la faillite des stations-service de la région, la majorité des voitures et engins agricoles, évoluant dans les villes du Maroc oriental (Oujda, Taourirt, Berkane, Saïdia…) dépendent du carburant algérien dont le prix a connu une hausse de 100%. 
Avec cet appel, l’Observatoire de la contrebande de la chambre de Commerce d’Oujda reconnaît (et assume presque) que le Maroc oriental bénéficie des retombées d’un phénomène illégal – dont le préjudice pour la partie algérienne serait évalué à des centaines de milliards de dinars – contre lequel les Algériens luttent depuis de nombreuses années, en mobilisant d’importantes ressources humaines et matérielles. Selon les chiffres officiels livrés pour l’année 2011, la seule wilaya de Tlemcen a enregistré la saisie de plus d’un million de litres de carburant ; statistique-record qui ordinairement représentait le bilan global des saisies de l’ensemble des villes frontalières du pays. Ce que l’on ne connaît pas, en revanche, c’est la quantité de carburant que les Hallaba auront réussi à acheminer hors des frontières, pendant toutes ces dernières années. Le message très angoissé d’un organisme très officiel – paradoxalement chargé de combattre toutes sortes de contrebande – intervient quelques jours à peine après l’instruction de rationnement des quantités de carburant en vente que les walis des villes frontalières ont transmise aux propriétaires des stations-service : les conducteurs des véhicules légers n’ont le droit qu’à 40 litres alors que les poids lourds ne peuvent dépasser les 180 litres. Un durcissement décidé pour mettre un frein à la montée très inquiétante du trafic de carburant en direction du Maroc – comme de la Tunisie ou de la Libye – à un moment où la distribution sur le territoire algérien lui-même, était perturbée en raison de la fermeture pour raison d’entretien de la raffinerie d’Arzew. 
Les déclarations, faites en fin de semaine dernière par le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, selon lesquelles les wilayas de l’ouest du pays étaient désormais approvisionnées de façon normale et que la situation était «complètement maîtrisée», ont probablement de quoi calmer l’appréhension de nos voisins du Royaume. 
Une station-service de Tlemcen ou de Maghnia, bien approvisionnée, augure de l’arrivée prochaine du carburant dans les villes marocaines. 
Ce qui est vital pour elles en attendant l’alimentation d’un stock stratégique de carburant dans l’Oriental… 
Le Quotidien d’Oran, 29/1/2012

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