La normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc constitue aussi une motivation constante de la politique américaine dans la région, même si elle n’est pas la plus visible. Sur les divergences entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara Occidental, les Américains sont passés du soutien au plan Baker sur un référendum d’autodétermination à un long exercice d’équilibrisme, avant de pencher, au final, en faveur des propositions marocaines d’autonomie.
Avant de venir à Alger, la secrétaire d’Etat américaine a envoyé un signal clair sur le fait que les Etats-Unis veulent hâter la normalisation entre l’Algérie et le Maroc. Elle l’a fait dans un entretien avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Saâd-Eddine El-Othmani. Le ministère marocain des Affaires étrangères, avec l’accord évident des Américains, a tenu à donner le contenu de la discussion où l’on apprend que Mme Clinton a félicité El-Othmani pour sa visite en Algérie. Le message a été rendu encore plus limpide par un haut responsable du ministère marocain des Affaires étrangères, qui a choisi la voie «amie» de l’AFP pour expliquer que «l’entretien a porté surtout sur les relations entre les deux pays. Les Américains tiennent apparemment au renforcement de ces relations». C’est de bonne guerre. Mais cette source n’invente rien.
Il faut juste préciser que les Américains n’ont jamais fait de la «réconciliation» entre l’Algérie et le Maroc une priorité de leur politique étrangère. Le Maghreb en général est resté en marge dans les préoccupations américaines et n’a été traité que collatéralement à une démarche très fortement centrée sur le Proche-Orient.
Les choses sont-elles en train de changer ? Ce qu’il faut noter est que les évolutions et les turbulences qui secouent le monde arabe, et qui ont commencé au Maghreb, ont contraint les Américains à adapter leur politique et à faire preuve d’une «souplesse» qui consiste à lâcher des alliés trop fortement contestés. Ils peuvent estimer que leur politique à l’égard du Maroc et de l’Algérie, deux pays qui sont restés relativement en marge des turbulences, ne nécessite pas de changement brusque. Mais qu’une «incitation» plus forte, pour ne pas dire «pression», sera exercée pour une normalisation qui, ce n’est pas un secret, se traduirait pour eux par une réouverture des frontières.
Cette ouverture est dans l’air d’ailleurs. Le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, vient de déclarer que la «décision politique» d’une réouverture de la frontière était «très plausible». A force d’avoir retardé l’échéance d’une réouverture inéluctable, on n’a fait peut-être que prendre le risque de la faire passer comme un effet d’une «recommandation» américaine pressante.
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