Mais, précise ce quotidien, « il apparaît que l’unique et grand bénéficiaire de cette opération sera le roi du Maroc, propriétaire de plus de 12 000 hectares de terres agricoles, les plus fertiles du pays, et l’un des trois plus grands producteurs agricoles d’Afrique du Nord ».
Selon The Telegraph, le nouvel accord semble avoir été taillé sur mesure pour « booster » la fortune personnelle du roi du Maroc, qui n’est pas très pauvre, le pauvre.
Cet accord a fait l’objet d’une véritable levée de boucliers de la part des groupes de défense des droits de l’homme qui n’ont pas manqué de pointer du doigt les centaines d’hectares de culture sous serres qui appartiennent en grande partie au roi. Etait visée la grande exploitation agricole que possède le souverain dans la région de Dakhla. Ce latifundio oriental emploie 10 000 personnes selon le Western Sahara Resource Watch (WSRW), une ONG qui mène actuellement une étude d’impact de l’industrie agricole sur les Sahraouis.
Les salaires de misère versés par les grands propriétaires terriens aux ouvriers agricoles étaient aussi dénoncés par les anti-accord.
L’eurodéputé français du groupe des Verts, José Bové, qui est le fer de lance de ce groupe de pression s’en est expliqué au quotidien casablancais L’Economiste : « c’est un très mauvais accord pour les petits paysans marocains qui sont spoliés par les grandes entreprises, pour les paysans français, espagnols et italiens qui voient les importations augmenter et détruire leurs capacités à vendre et vivre de leurs produits à l’intérieur de l’Europe. Cet accord est une catastrophe pour l’agriculture, une catastrophe pour l’emploi des deux côtés de la Méditerranée et c’est aussi une catastrophe écologique, car on sait qu’il faut 10 fois plus d’eau pour produire des tomates au Maroc qu’en Europe. Ma position n’est absolument pas dirigée contre le Maroc, ma position est : ‘petits producteurs marocains et agriculteurs européens main dans la main contre la logique de libre-échange des multinationales’ qui va les broyer systématiquement ».
En fait, Bové et ses amis estiment que cet accord qui profite essentiellement au roi équivaut à une violation du droit international.
Mohamed VI qui semble avoir compris, contrairement à son auguste père, les bénéfices à tirer de l’agriculture, a entrepris d’importants investissements, y compris au Sahara, dans la production de la tomate ainsi que dans les fruits et légumes. Dans la foulée, il avait annoncé en 2008, à la surprise générale, la prorogation de l’exonération fiscale pour le monde agricole, et ce jusqu’en 2013.
Fortement décriée par les milieux agricoles marocains, cette mesure ne sert pas les intérêts des petits agriculteurs, qui de toutes façons ne paient pas d’impôts. Elle sert plutôt les gros latifundistes, ces gros exploitants agricoles dont le premier d’entre est, comme par hasard, les « Domaines royaux ». L’entreprise royale d’agriculture.
Quand José Bové répète que cet accord est une « catastrophe », c’est peut-être vrai. Mais pas pour tout le monde.
Salah Elayoubi
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