Les désaccords entre Alger et Paris concernant le dossier du Sahara occidental, la position française flagrante avec le Maroc vis-à-vis de ce conflit et la question des mercenaires africains, que l’Algérie a été accusée à tort et sans preuves de les avoir dépêchés pour porter main-forte à l’ex-régime libyen de Kadhafi, n’ont pas empêché les deux capitales de mettre de côté leur mésentente et de passer aux choses sérieuses.
En décidant de relancer les investissements français en Algérie, la France aurait agi avec une grande sagesse, selon les experts. Du coup, le grand constructeur français d’automobile, Renault, a décidé d’installer sa première usine en Algérie dès l’année prochaine. Le chef de la délégation française, Jean-Pierre Raffarin, en visite à Alger depuis quelques jours, a été envoyé par le président français Nicolas Sarkozy pour tenter de réchauffer les relations entre Alger et Paris, en procédant à la signature de plusieurs grands projets entre les deux pays. S’agit-il d’un grand retour dans les relations des deux pays ? La France a bien compris qu’aujourd’hui seule la sagesse peut sauver ce qui reste à sauver dans les relations entre les deux pays. Conduite par Jean-Pierre Raffarin, une forte délégation d’hommes d’affaires français, notamment ceux du grand constructeur automobile Renault, se trouve actuellement à Alger. C’est la troisième visite des Français en Algérie en quelques mois seulement. La France semble décidée à aller de l’avant dans sa politique avec l’Algérie, en décidant d’installer sa première usine automobile en Algérie. L’usine en question sera construite à Jijel, à l’est du pays, à partir de l’année 2012. Du coup, les désaccords qui affectent les relations entre l’Algérie et la France concernant le dossier du Sahara occidental ont été mis de côté. Il faut se pencher sur l’avenir, dans un contexte dominé par la concurrence de pays occidentaux qui ont déjà affiché leurs désirs d’investir en Algérie. Toutefois, le concurrent traditionnel -la France- semble bien parti pour arracher une bonne part des marchés dans le secteur industriel algérien. Les choses évoluent plus rapidement que prévu. Le secteur automobile en Algérie sera doté d’une première usine de fabrication de véhicules, et c’est le grand constructeur automobile français, Renault, qui a entrepris les démarches pour cela. Les intentions de Renault d’investir durablement en Algérie paraissent claires. Sur ce dossier, le ministre algérien de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’Investissement, Mohamed Benmeradi, paraît très optimiste et se dit très content de l’installation d’une telle usine en Algérie. Les efforts conjoints des pouvoirs publics et du secteur public français pour multiplier les opportunités d’affaires en Algérie semblent enfin porter leurs fruits ces derniers mois, marqués par la confirmation de plusieurs projets industriels de grande envergure dans différents secteurs, notamment l’industrie automobile, pharmaceutique, hydrocarbure, les matériaux de construction. Cette dernière série de contrats avec les Français intervient au moment où de grandes entreprises d’autres pays, tels que l’Allemagne, les Etats-Unis ou encore la Corée du Sud, affichent également un grand intérêt pour l’industrie algérienne. La visite, récente d’une délégation commerciale française dirigée par Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial pour la coopération économique franco-algérienne, a ouvert la voie à la conclusion de plus de 12 projets et a du coup redonné une nouvelle implusion aux investissements français dans le secteur industriel algérien. Cette visite a été précédée par celle du mois de novembre dernier où le même Jean-Pierre Raffarin était accompagné du secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, en l’occurrence Pierre Lellouche. Plusieurs annonces importantes ont été faites depuis, notamment celle de l’acquisition de la société Alver, basée à Oran, d’une ancienne société publique spécialisée dans les emballages en verre par Verallia, filiale du grand conglomérat français Saint-Gobain Matériaux de construction. Alver, qui emploie 474 personnes et produit plus de 60 000 tonnes de produits en verre par an, aurait été dans la ligne de mire de Saint-Gobain depuis près de deux ans. De la même façon, Axa, le géant français de l’assurance, avait signé, en novembre passé, deux conventions d’actionnaires en vue de constituer deux compagnies en Algérie, l’une spécialisée dans l’assurance-vie, l’autre dans les autres types d’assurance. Axa détiendra 49% de la société totale, la part maximale autorisée par la législation algérienne, en association avec la Banque extérieure d’Algérie et le Fonds national d’investissements (FNI). Dans l’intervalle, l’un des grands laboratoires pharmaceutiques français, Sanofi-Aventis, avait annoncé pour sa part au mois de juin de l’année dernière son projet de construction d’une usine à Sidi Abdallah pour un montant de 6,6 milliards de dinars (soit 63,4 millions d’euros).
Cette usine, qui sera le troisième site algérien du laboratoire, produira à terme 80% des produits distribués dans le pays, selon le directeur général de la division locale de Sanofi-Aventis, Thierry Lefebvre.
Par Lotfi Itou
Les Débats, 4/2/2012
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