« Le Maroc dépense 4 millions de dollars par an pour appuyer sa position vis-à-vis du Sahara Occidental »

La chercheuse et chef des opérations au sein du groupe de résolution des conflits, qui siège aux Etats-Unis, Mme Alexandra Kapitanskaya, pense que la solution du conflit Sahraoui dépend des décisions des grands pays. Elle a expliqué que les grandes puissances ne sont pas intervenues au Sahara occidentale parce qu’il n’y a pas eu de guerre sanglante dans ce pays. Interrogée par El Khabar en marge des travaux de la 37ème conférence des coordinations européennes de soutien au peuple sahraoui, elle a fait allusion aux relations basées sur les grands intérêts entre Washington et Rabat, qui dépense l’équivalent de 4 milliards de dollars chaque année sur environ 15 lobbies de pression à Washington et à New York, pour soutenir ses positions auprès des décideurs aux Etats-Unis.
El Khabar : les 37ans de conflit au Sahara Occidentale et les dizaines de résolutions onusiennes visant à résoudre la question Sahraouie n’ont été d’aucune utilité, pourquoi à votre avis ?
Alexandra Kapitanskaya : ce dossier est soumis à plusieurs parties. La solution au conflit du Sahara Occidentale dépend de la volonté des pays puissants, suite à l’absence de la pression dans la rue et l’absence de conscience de l’importance de la question. A titre d’exemple, la rue américaine ne prête aucune importance à ce conflit, parce qu’il n’y a ni guerre ni sang. Ce qui ne signifie pas que j’appelle à la guerre ou à l’effusion du sang, afin de mettre un terme au conflit.
El Khabar : cependant, le conflit existe toujours et la situation risque de dégénérer à tout moment, et représentera ainsi une menace sur la stabilité de la région, ce qui n’est pas dans l’intérêt des grandes puissances ?
Alexandra Kapitanskaya : ce qui est certains c’est que le conflit au Sahara occidental représente un problème étant un facteur de la stabilité et de sécurité de la région. Elle représente également un partenaire important dans la lutte antiterroriste et le soutien de la sécurité au Sahel. Pour ce qui est de la solution, j’ai toujours dit qu’elle est entre les mains des dirigeants et responsables et groupes de pressions, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou en Europe. Nous avons constaté comment est ce que ces parties ont réagi et permis de résoudre plusieurs conflits à travers le monde, que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient. Ces derniers devront donc savoir que la question du Sahara Occidentale devrait être résolue, sinon, les répercussions du conflitseront graves sur toute la région.
El Khabar : les pays que vous avez cités ont réagi dans quelques conflits, que ce soit en Libye et/ou en Syrie où ils ont dépêché de demander la protection des peuples, à travers le Conseil de Sécurité. Toutefois, ces pays ne font aucun effort vis-à-vis de la question Sahraouie, quel est votre commentaire ?Alexandra Kapitanskaya : ce que nous avons vu en Libye et ce que nous verrons en Syrie, sont des réactions internationales visant à protéger la population de la dictature. Cependant, ce qui est surprenant, c’est que la communauté internationale pense que le peuple Sahraoui vit en paix en tant que réfugiés en Algérie et cela ne représente pour elle aucun problème. La question pour elle n’est pas prioritaire, sachant qu’elle n’est pas au courant de ce qui se passe dans les régions occupées.
El Khabar : les Etats-Unis peuvent jouer un rôle important dans la résolution du conflit du Sahara Occidental, qu’est ce qui l’empêche à le faire ?
Alexandra Kapitanskaya : Les Etats-Unis ont une bonne relation avec le Maroc, comme elles ont d’importants intérêts. Le Maroc fourni également d’importants efforts pour convaincre les décideurs que sa position est la meilleure. Des statistiques nous sont parvenues du Maroc, faisant état que ce pays dépense environ 4 millions de dollars par an sur 15 groupes de pression aux Etats-Unis, à New-York et à Washington. Pour preuve, le journal Washington Post a publié un article dans lequel il a fait état que le Congres Américain a attribué des aides militaires au Maroc pour son respect des Droits de l’Homme au Sahara Occidentale. Ce qui représente une victoire pour le Maroc et une reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara Occidentale.
El Khabar, 6/2/2012

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