Le Président tunisien ne peut se prétendre dans une position de neutralité dans le conflit sahraoui

Marzouki en revivificateur de l’UMA 
par Kharroubi Habib
Le président tunisien Moncef Marzouki entame ce mercredi un périple maghrébin, le premier depuis son élection, dont la première étape sera marocaine. Il se rendra ensuite en Mauritanie, puis en Algérie. Officiellement du côté tunisien, il a été annoncé que ces visites de Marzouki ont pour but la relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et la consultation intermaghrébine sur les questions de sécurité induites par la volatilité de la situation en ce domaine, suite aux bouleversements intervenus dans la région. 
Marzouki ambitionne de parvenir à convaincre ses hôtes que la nouvelle configuration politique dessinée dans le Maghreb par la révolution tunisienne, l’insurrection libyenne et le résultat des élections marocaines ont créé un climat dans la région et fait apparaître des urgences qui rendent possible et indispensable la reprise de la marche vers l’unité maghrébine. Le Maroc et l’Algérie seront les étapes les plus délicates dans cette perspective. Tout comme l’Union européenne aurait été impensable sans la réconciliation puis la coopération franco-allemande, celle du Maghreb l’est tout autant sans l’entente algéro-marocaine. 
Le Président tunisien s’estime-t-il en capacité d’aider à cette entente ? Il est permis d’en douter, au vu de sa « sortie » lors du dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, au cours duquel il a ostensiblement plaidé la cause du retour du Maroc au sein de l’organisation continentale. Prouvant par là sa sympathie pour la thèse du Royaume sur la question sahraouie. Il est difficile pour lui, après cela, de se prétendre dans une position équidistante sur cette question entre Alger et Rabat. 
Quoiqu’elles s’en défendent, les deux capitales font du problème sahraoui la pierre d’achoppement à leur rapprochement et, partant, à l’œuvre de la construction de l’union maghrébine. Comme elles sont loin d’un compromis sur cette affaire, ainsi que l’a démontré la récente visite à Alger du ministre marocain des Affaires étrangères, il n’est pas du tout certain que le Président tunisien parvienne à faire bouger les lignes sur lesquelles campent les deux pays dont il sera l’hôte. 
Au plan bilatéral, les relations algéro-tunisiennes ne sont officiellement affectées par aucun contentieux. Elles n’ont plus néanmoins la chaleur qu’elles avaient quand Ben Ali régnait en Tunisie. Malgré les gestes forts faits d’un côté et de l’autre pour démontrer que ces relations survivent dans la sérénité entre les deux pays, il y a qu’un incontestable froid s’y est installé. La Tunisie post-Ben Ali est confrontée à des difficultés économiques qui risquent d’avoir de dangereux effets sur sa stabilité. C’est l’intérêt même du nouveau pouvoir de Tunis de cultiver de bonnes dispositions chez celui de l’Algérie voisine, qui peuvent faire que ce pays contribue à l’aider à surmonter ce cap à risque. Alger en a les moyens. Le problème est qu’il ne faut pas que des considérations politiques en viennent à parasiter les rapports des deux pays. Ce dont Marzouki aurait dû se convaincre avant de faire sa déclaration à Addis-Abeba sur la réintégration du Maroc dans l’Union africaine. 
Pour en revenir à la raison officielle du périple maghrébin qu’entreprend le président Marzouki, Tunis a fait savoir qu’elle est disposée à accueillir un sommet de l’UMA. Si Marzouki obtient sa tenue, celui lui procurera un succès de prestige non négligeable en perspective de l’élection présidentielle qui mettra un terme à la période de transition en Tunisie et à laquelle très certainement il sera candidat.

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