Maroc-UE : L’incroyable marchandage

Le bras de fer Maroc-Union européenne reprend sinon qu’il se poursuit, avec cette fois le volet agricole que l’on croyait, de ce côté de la Méditerranée, tout aussi acquis que l’a été l’accord de pêche au sujet duquel les langues se délient pour offrir des lectures moins équivoques et plus directes. Effectivement, le député européen José Bové (France) a défendu, hier, son opposition à un nouvel accord agricole devant lier les deux parties. Le texte en question doit être soumis au vote du Parlement européen le 16 février. Dénonçant «les conséquences dramatiques pour les producteurs européens» de fruits et légumes, le Français José Bové a appelé les députés européens à voter contre. José Bové a développé un argumentaire d’au moins trois chapitres avec la crise qui affecte désormais une bonne partie de l’Europe, les modes de production et aussi le Sahara occidental. Surtout de cette question, ont déjà souligné des analystes à la suite du rejet de l’accord de pêche, le 14 décembre dernier, par le Parlement européen. S’il venait à être entériné, un tel rejet aurait de lourdes conséquences pour l’économie du royaume chérifien où l’on souligne déjà que les arguments développés au sein du Parlement européen «ne sont pas recevables», surtout que les différents accords conclus avec l’Union européenne prévoient une libéralisation graduelle des échanges réciproques.
Là ne serait pas le premier échec du Maroc. Le plus récent, relatif à la pêche, a suscité de vives réactions, des analystes marocains laissant même entendre que leur pays s’interrogeait sur «l’opportunité d’une réévaluation globale de son partenariat avec l’UE, à l’heure où des négociations sont en cours (…) sur d’autres volets de coopération, à savoir le commerce des services, la mobilité et la réadmission» et qu’il pourrait ne pas coopérer sur d’autres sujets stratégiques pour l’UE, tels que le contrôle de l’immigration ou les barrières douanières. En réalité, des Marocains vont jusqu’à confirmer l’orientation relevée dès la conclusion du premier accord de pêche, en 1995. Aussi, un analyste marocain admet qu’«en ratifiant l’accord, les Européens reconnaissaient implicitement» l’occupation du Sahara occidental par le Maroc. «Le deal est clair : poisson contre la reconnaissance implicite» de cette occupation. Un incroyable marchandage où l’Europe fait peu cas des principes qu’elle déclare défendre. En remettant les choses dans l’ordre, tel que réaffirmé par l’ONU depuis la mise en œuvre du plan de paix, en 1991 et même avant, quand le Sahara occidental a été déclaré couvert par la résolution 1514 sur les peuples et territoires sous domination coloniale, il s’agit d’un appui à l’occupation marocaine du Sahara occidental. C’est ce qui a été déclaré constamment et l’Europe a agi en totale violation des résolutions de l’ONU car les textes votés depuis longtemps abordent la question du Sahara occidental sous le seul angle de la décolonisation et le Maroc est considéré comme une puissance occupante par l’organisation des Nations unies.
Mohammed Larbi
El Watan, 8/2/2012

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