Afghanistan : Quand les talibans twittent…

Les talibans afghans ont évolué et semblent de plus en plus ouverts aux négociations de paix bien que leur retour au pouvoir fasse toujours peur.
Après avoir dirigé l’Afghanistan de 1996 à fin 2001, Le Coran dans une main et une kalachnikov dans l’autre ; les talibans «tweetent» désormais et parlent de négociations de paix, mais leur retour au pouvoir après le départ des troupes de l’OTAN fin 2014 est toujours appréhendé.
Leurs cinq années de règne demeurent une blessure vivace. Les talibans, des pachtounes sunnites du sud du pays, furent capables des pires cruautés.
Au quotidien, les femmes ont été obligées de porter la burqua et interdites de travailler, de sortir de chez elles non accompagnées. Celles convaincues d’infidélité étaient lapidées. L’éducation a été refusée aux filles. Les hommes étaient astreints à porter la barbe longue et l’habit traditionnel. Les exécutions sommaires se sont multipliées.
En dix années de combats féroces, les forces pro-gouvernementales, dont les troupes étrangères, n’ont pu venir à bout des insurgés, longtemps aidés par des miliciens d’Al-Qaîda. Dans le même temps, Kaboul et les principales villes afghanes, se sont modernisées, bénéficiant de la présence étrangère. L’éventualité d’un retour au pouvoir des talibans après le retrait entamé de 130 000 militaires de l’Otan d’ici à trois ans fait donc trembler beaucoup d’Afghans. «Maintenant, tout a changé. Je peux voir dans leur attitude que sur 80% des thèmes, ils ont évolué», affirme le Maulavi Qalamuddin, désormais membre du Haut Conseil pour la paix, nommé par le président Hamid Karzaï pour faciliter le dialogue avec les rebelles.
Depuis quelques années, les talibans se sont ouverts. Ces hommes fondamentalement hostiles au progrès se sont mis à communiquer. Ils disposent d’un site internet, sur lequel des vidéos de la formation de leurs combattants ou de combats sont mises en ligne. Et tweetent assidûment. Le 3 février dernier, la toile, via tweeter, a ainsi été témoin d’un combat étrange entre les porte-parole de l’Isaf, le bras armé de l’Otan en Afghanistan, et leur homologue taliban. Isaf : «La neige à Kaboul a dû affecter vos commentaires et votre capacité à obtenir de l’information factuelle sur de vrais événements.» Talibans : «Non, non ! Nos opérations et communications sont bien établies et se poursuivent même par temps froid. Cela doit avoir quelque chose à voir avec nos succès.»
Nantis de cette nouvelle stratégie, les insurgés pourraient éventuellement remporter de futures élections, s’ils décidaient de se plier aux règles démocratiques.
«Ils veulent vraiment la paix», estime le Maulavi Qalamuddin, pour qui «il n’est pas vrai de dire que les talibans cherchent seulement à gagner du temps jusqu’au départ des troupes étrangères en 2014», afin de marcher ensuite sur Kaboul, comme ils l’ont fait en 1996, à la fin de la guerre civile ayant succédé au départ de l’armée russe, qui a occupé dix ans durant l’Afghanistan.
Rédaction / Agences

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