Par Amine Echikr
Les premiers pas diplomatiques du président tunisien ne semblent pas très sûrs. Après avoir expulsé un ambassadeur syrien qui n’était plus en poste depuis une année, M. Marzouki souhaite organiser un sommet des chefs d’Etat de l’Union du Maghreb arabe. Il aurait eu le soutien du Maroc et de la Mauritanie et espère que «la grande sœur Algérie» dise oui. Il reste pour le nouvel occupant du palais de Carthage de savoir qui pourra représenter la Libye et la boucle sera bouclée. Ainsi, le président Marzouki aura réussi ce que peu de chefs d’Etat auront réussi ces dernières années.
La candeur révolutionnaire des tenants du nouveau pouvoir tunisien semble extraordinaire. Ils ont été élus pour doter leur pays d’une nouvelle Constitution, traiter les affaires courantes et organiser les élections qui découleront du nouvel ordre constitutionnel. On les retrouve sur des dossiers dont l’urgence n’en est pas une. «Qui trop embrasse, mal étreint». La situation sécuritaire en Tunisie n’est pas stabilisée. Le chômage s’aggrave chaque jour, particulièrement dans l’Ouest tunisien. La relance du tourisme n’est pas pour demain. La place et le rôle de la Tunisienne se réduit chaque jour un peu plus. A ces dossiers qui risquent de déstabiliser notre voisin de l’Est, point de réponses réelles.
Les Tunisiens s’alarment de voir leurs dirigeants se cantonner dans des constats inutiles et de continuelles attaques contre l’ancien régime. Peu ou pas de solutions qui s’ajoutent à une situation politique bien obscure. L’Assemblée constituante a été élue démocratiquement mais n’a pas fixé de date pour sa fin de mission. Elle donne l’impression de vouloir durer indéfiniment et que les Tunisiens qui ont pris goût au vote devront attendre longtemps avant de renouer avec ce «plaisir» démocratique.M. Moncef Marzouki a appelé, du Maroc, à l’établissement d’un «système maghrébin fédéral» de sorte à assurer aux pays de la région une forte présence, en tant que puissance économique, sur la scène internationale, dans un cadre qui préserve la souveraineté de chacun des Etats membres. Affirmant qu’il est nécessaire aujourd’hui d’aller de l’avant dans le processus d’édification de l’Union du Maghreb arabe «sans faire du règlement de la question du Sahara une condition sine qua non», a insisté le chef de l’Etat tunisien. Le seul hic dans les propos de M. Marzouki se situe dans le fait que les Tunisiens ne savent pas si le nouveau régime sera monarchique, présidentiel, parlementaire ou un émirat islamiste. Pour cela, le nouveau président tunisien ne semble pas pressé de faire campagne. Il préfère, dans le respect des séparations du pouvoir, laisser l’Assemblée faire son choix sous la houlette de ses alliés d’Ennahda.
M. Moncef Marzouki est convaincu que l’ouverture de l’espace maghrébin et la normalisation des relations algéro-marocaines sont «à même, sans nul doute, de favoriser une solution pacifique et honorable pour toutes les parties au conflit». Une position qui occulte le sort du peuple sahraoui et qui vient de la part d’un ancien défenseur des droits de l’Homme. Le droit à l’autodétermination est un droit inaliénable des peuples et donc des Hommes. Mais cela ne semble pas trop intéresser M. Marzouki.
Autre point abordé par le dirigeant tunisien, l’ouverture de la frontière Ouest de l’Algérie. Sur ce plan-là et comme beaucoup d’analystes, il y voit un gain de 2% du PIB pour la région. L’ouverture de la frontière aura pour conséquence directe la chute drastique du nombre de touristes algériens vers la Tunisie et une augmentation sensible du chômage dans ce pays frère.De maladresse en maladresse, Moncef Marzouki est plus dans la peau d’un révolutionnaire que dans celle d’un chef d’Etat. Quant à l’organisation d’un sommet de l’UMA avec deux intérimaires, l’on ne voit pas trop à quoi il pourrait aboutir.
La Tribune d’Algérie, 13/2/2012
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