Dans un communiqué diffusé par plusieurs sites proches de la mouvance djihadiste, Al Qaïda au Maghreb menace de tuer le gendarme enlevé de son poste avancé à Baskinou «dans un délai maximum de vingt jours», si Nouakchott «ne répond pas favorablement » à ses «exigences». Pour le moment, le Président mauritanien est inflexible, mais des pressions s’exercent sur lui à Nouakchott de la part des politiques et de la société civile, qui lui reprochent le fait de s’être « mis sur le chemin du terrorisme », en faisant « la guerre par procuration pour le compte de la France ».
Les services de sécurité mauritaniens ont consulté leurs homologues algériens à ce sujet, et n’entendent pas faire du «troc». Toutefois, l’on craint à Nouakchott qu’un mouvement de protestation ne se forme si Aqmi tue le gendarme. Cette éventualité est d’autant plus mise en avant que le président Mohamed Ould Abdelaziz fait face à une levée de bouclier concernant le volet sécuritaire.
La presse mauritanienne, dont la liberté de ton est extraordinaire, affirme que les officiels mauritaniens ont gardé jusqu’à ce jour, depuis l’enlèvement du gendarme Ely Ould Mokhtar, «un silence qui frise le sentiment d’insouciance totale du pouvoir à l’égard d’un citoyen en situation de danger», suscitant des appels de ses parents et de certaines organisations « en vue d’intervenir pour sa libération des mains de l’organisation, qui réclame son échange contre deux détenus aux mains du régime de Nouakchott».
Le gendarme otage d’Aqmi, Ely Ould Mokhtar, a été enlevé le 20 décembre dans la localité d’Adel Begrou, dans la région de l’Hodh Ech Chargui, au sud-est de la Mauritanie. Selon une source sécuritaire mauritanienne, les assaillants se seraient ensuite retirés vers le Mali voisin. Emboîtant le pas aux propositions d’Alger, le régime de Nouakchott refuse officiellement le paiement des rançons, ainsi que l’échange de prisonniers avec Al Qaïda, estimant que l’argent des rançons est le nerf du financement du terrorisme. Quant à la proposition d’échange de prisonniers, capable d’être perçue comme un signe de faiblesse, Ould Abdelaziz a surtout besoin de calmer ses citoyens de sauver l’otage, sans faire de concessions à Aqmi, à un moment où la Mauritanie est félicitée par l’Occident pour sa lutte contre Aqmi. Un pari difficile doublé d’un périlleux exercice sécuritaire…
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 16/2/2012
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