La visite du ministre espagnol des Affaires étrangères en Algérie a permis aux deux pays de faire le point sur plusieurs questions de l’heure. Coopération économique, concertation politique, Sahara occidental, émigration clandestine, situation au Sahel, en Libye, en Syrie, en Egypte sont autant de sujets ayant fait l’objet d’entretiens entre les chefs de la diplomatie des deux pays.
En effet, l’Algérie et l’Espagne ont convenu de renforcer leur concertation politique et développer substantiellement leur coopération économique, à se fier aux propos des deux ministres des AE en conférence de presse conjointe hier, au siège du ministère des AE à Alger. D’ailleurs, le ministre espagnol, José Manuel Garcia Margallo a annoncé à cette occasion la tenue prochaine d’un Sommet algéro-espagnol à Alger pour perpétuer la dynamique entre les deux pays, lequel sommet se tiendra » au deuxième semestre de l’année 2012 « , selon Mourad Medelci. Si du côté espagnol, la tendance est à augmenter ses exportations en biens et services, l’Algérie, pour sa part, ambitionne de diversifier sa production en dehors des hydrocarbures. En plus d’une nouvelle chambre de commerce algéro-espagnole qui sera installée avant la fin de l’année en cours, deux grandes pistes ont été dégagées par les deux partenaires en vue de les développer au mieux. Il s’agit des énergies renouvelables et du tourisme, question de conjuguer les potentialités algériennes dans ces deux domaines avec l’expérience espagnole en la matière. Evoquant la crise syrienne, Alger et Madrid ne semblent pas converger vers la même solution. Si l’Espagne, au même titre que l’Union européenne (UE), souscrit à l’idée d’envoyer une force de paix hybride, des Nations unies et de la Ligue arabe, l’Algérie, quant à elle, a émis des réserves sur la saisine même du Conseil de sécurité. Rappelant que l’Algérie a « adhéré dans l’immédiat » à la position de la Ligue arabe, Mourad Medelci a soutenu qu’une solution au conflit syrien se fera en » exerçant une pression sur les deux parties conflictuelles « . Autrement dit, Alger » souhaite » que le gouvernement syrien accepte d’ouvrir un dialogue avec l’opposition qui, se doit d’être partie prenante en parlant d’une seule voix mais pas de manière » dispersée « . « L’Algérie avait déjà exprimé une réserve sur le point 7 de la décision du 22 janvier dernier de la Ligue arabe, qui recommandait que le Conseil de sécurité soit saisi pour appuyer la Ligue, car à l’époque, nous n’avions pas compris quel était exactement le but de cet exercice et, de ce fait, nous avons plusieurs raisons d’émettre (à nouveau) des réserves sur cette saisine du Conseil de sécurité », a expliqué le chef de la diplomatie devant son homologue espagnol. Ce dernier, ne s’exprimant que laconiquement sur la question, s’est contenté de dire : » Le Conseil des ministres de l’UE appuie les résolutions de la Ligue arabe « , dont la position est partagée également par son pays. Quant au conflit du Sahara occidental, la position de l’Espagne reste inchangée. En effet, le ministre espagnol des Affaires étrangères a réaffirmé lors de la conférence de presse, que son pays soutient une solution politique au conflit du Sahara occidental garantissant « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». « L’Espagne adoptera une attitude constructive pour une solution politique juste et durable sur la question du Sahara occidental », a indiqué José Manuel Garcia Margallo. Le gouvernement espagnol plaide pour « une solution mutuellement acceptable et pour l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux principes et à la Charte de l’Onu et sur la base du rapport de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental », a-t-il encore ajouté.
Par M. Ait Chabane
Les Débats, 16/2/2012
Be the first to comment