Le Parlement européen vient de voter en faveur de l’accord de libre échange entre l’UE et le Maroc sur les produits agricoles et de pêche. Le Groupe des Verts/ALE souhaitait saisir l’occasion de cet accord pour mettre en place des échanges commerciaux réellement équitables entre les deux rives de la méditerranée. Or cet accord, tel que mis au voté aujourd’hui, ne répond pas aux principales préoccupations des Verts, tant sur le plan social, environnemental que du droit international. Les Verts au Parlement européen ont donc voté contre cet accord.
Le rapporteur, José Bové, Vice-président de la commission de l’agriculture du PE a retiré son nom du rapport. Il a estimé à l’issue du vote:
« Les députés européens qui ont ratifié aujourd’hui cet accord ne doivent se faire aucune illusion: cet accord va à l’encontre des intérêts des citoyens marocains et du peuple du Sahara occidental.
La libéralisation du commerce va ruiner des milliers de paysans aussi bien au Maroc qu’en Espagne, en France et dans les autres pays du sud de l’UE tout en mettant en péril les ressources en eau du Maroc.
En n’excluant pas explicitement le territoire du Sahara occidental de cet accord, comme l’ont pourtant fait les Etats-Unis en 2004 lorsqu’ils ont signé un accord de ce type avec le Maroc, l’Union européenne complique encore un peu plus la résolution pacifique d’un conflit aux portes de l’Europe. Cette absence de clarté de la part de l’UE est un très mauvais signal envoyé à l’ensemble de la communauté internationale.
Il est profondément regrettable que la majorité du Parlement européen ait préféré éluder les problèmes posés. Je me félicite néanmoins que pour la première fois, la politique commerciale de l’Union européenne ait été débattue, et fortement critiquée, au sein de notre assemblée. Nous avons ainsi contribué à ce que la question fondamentale de la finalité du commerce commence a être sérieusement examinée par l’UE. »
Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie – Les Verts, Vice Président de la commission du commerce international ajoute :
« Alors que les questions de régulation de la mondialisation, d’échange juste et d’emploi sont au cœur des débats politiques nationaux, l’Europe s’engage un peu plus dans l’impasse d’un système économique et agricole fondé sur le productivisme et les intérêts des firmes agro-alimentaires, au détriment d’une agriculture paysanne durable, créatrice d’emplois, de sécurité alimentaire et de respect de l’environnement au Maroc comme en Europe. Cet accord est perdant-perdant des deux côtés de la Méditerranée, et démontre une fois de plus la schizophrénie de nombreux élus entre les discours qu’ils tiennent en France et les actes qu’ils posent à Strasbourg. Les changements démocratiques à l’œuvre au sud de la Méditerranée doivent être l’occasion de repenser les accords commerciaux, notamment en intégrant des représentants de la société civile »
José Bové, 16/2/2012
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