Par Ahmed Meskine
Sarkozy aura fait durer un suspense dont tout le monde devinait le secret depuis déjà longtemps. Candidat de la droite, de la seule droite libérale contre tous. Contre la gauche classique, le centre et les extrêmes aussi bien à droite qu’à gauche. Au bilan d’un quinquennat ambitieux mais semé d’embûches, s’ajoutent des chiffres peu reluisants allant du chômage à la valeur de l’euro en passant par les nombreux ratages dans la politique internationale. Un bilan aussi d’alliances fortes avec les USA qui ont commencé avec l’avènement Obama à l’amoureuse relation sans condition avec l’Allemagne sur fonds de crise économique et sociale. Les USA s’en sortent à bon compte en relançant le secteur de l’automobile, en relocalisant les activités déployées sur la Chine et arrivent à imposer leur suprématie internationale. L’Allemagne tire profit du marché européen en grignotant sur la qualité de ses produits. La France perd ses emplois, perd un A, n’arrive plus à espérer une Union pour la Méditerranée, rate le printemps arabe en Tunisie, rate le relèvement de la Grèce et ses soldats meurent pour la cause américaine. Elle rate la Turquie et s’éloigne de l’Algérie en enfonçant le couteau dans la plaie d’une guerre sans fin. Le gaullisme se noie sous le poids de la dette, des 35 heures et de la retraite anticipée. Tous les scénarios restent possibles pour les prochaines présidentielles. Les sondages n’ont jamais reflété la réalité et dire que le deuxième tour se jouera entre Holland et Sarkozy n’est que pure spéculation des médias qui n’en sont pas à leurs premiers mauvais diagnostics. Il ne s’agit plus de jouer entre le CRIF proche du sionisme et la mosquée de Paris pour retrouver les vrais équilibres, car la question reste à savoir comment la France compte s’en sortir pour faire valoir ses valeurs républicaines et humanistes. Il ne s’agit plus de dire que les socialistes auront une meilleure stratégie pour faire reculer les revendications étant eux-mêmes pris au piège du libéralisme. La campagne est ouverte au pays des Droits de l’Homme et les restos du cœur de plus en plus nombreux. Sur le fond, la France est un pays développé qui s’appuie sur la consommation pour produire plus. Dans la forme, les fondations du libéralisme se fragilisent un peu partout dans le monde et le rafistolage n’a jamais été une solution définitive et durable. Restent les pays du Maghreb et ce qu’ils offrent comme possibilité de renaissance de la cinquième république. Seulement cette partie du monde riche en ressources et en possibilités de développement est en plein ménage politique où l’islamisme, dit « modéré », essaie de se frayer un chemin en posant de nouvelles conditions dans les relations avec l’ancien colonisateur. Les élections françaises se joueront-elles alors avec l’UMA?
Le Carrefour d’Algérie, 18/2/2012
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