Ce n’est pas demain qu’un sommet des chefs d’Etat de l’UMA aura lieu. Le projet caressé par le président tunisien tourne court, en dépit de son enthousiasme et de ses convictions.
Ce sommet, qui devait avoir lieu avant la fin de ce trimestre dans la capitale tunisienne, pourrait être retardé de plusieurs mois. Des sources évoquent même que si un accord est arraché par les leaders maghrébins, la tenue du sommet ne pourra avoir lieu qu’au début de l’année prochaine.
Ces mêmes sources estiment que l’Algérie avait émis des réserves quant à la proposition de Marzouki, tout en acceptant le principe d’une rencontre des cinq chefs d’Etat. L’analyse de la diplomatie algérienne sur la question démarre sur le postulat qu’il faudrait revoir complètement les mécanismes de fonctionnement des institutions de l’UMA, de même que les modalités d’adoption des accords communs, ou encore les obligations de ratification de ces accords par les parlements des cinq pays. Les diplomates algériens ont expliqué à leurs homologues tunisiens qu’il existe de grandes disparités dans ce type de ratification entre les pays. Sur une quarantaine de traités ou d’accords, en Algérie le Parlement en a adopté une trentaine, alors que les Libyens n’en ont adopté qu’une quinzaine. En tous les cas, mieux que les Marocains, qui n’ont adopté que six accords. Alors, à quoi cela peut-il bien servir que les gouvernements entament des pourparlers, négocient des détails, mobilisent des experts, obtiennent le quitus des chefs d’Etat, si les protocoles sont bloqués au niveau des parlements des années durant ?
C’est justement cet état de fait qui a poussé Alger a lancé une série de propositions en vue de dynamiser les institutions de l’UMA et de relancer ses activités. L’une de ces propositions consiste à établir une feuille de route sectorielle, selon un calendrier précis, en allant par étapes vers un sommet. Ce dernier ne peut être que le couronnement du travail des experts et des politiques. Les chefs d’Etat, quant à eux, devront trancher sur des points d’achoppement, sur des dossiers délicats et parapher le protocole. Autre proposition émise, la révision de certains dispositifs et modes de fonctionnement de la plupart des institutions de l’UMA, notamment du fameux Parlement maghrébin, qui vit en vase clos, voire en crise interne, alors que d’autres structures sont en état comateux, pour ne pas dire mortes. Il faudra plusieurs mois d’actions, de rencontres et de réflexions pour que les gouvernements de la région puissent redynamiser ces institutions et relancer leurs activités. Seule une stratégie commune, issue d’une fine analyse et d’un diagnostic précis, est capable de ressusciter le projet d’intégration maghrébine, sur la base d’une coopération multiforme et globale. C’est justement ce point qui sera au centre des discussions qui auront lieu prochainement entre les cinq ministres des Affaires étrangères.
H. R.
Le Jeune Indépendant, 18/2/2012
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