Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et le ministre chargée des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, sont depuis hier au Maroc, pour prendre part aux travaux de la 30e session des ministres des AE de l’Union du Maghreb arabe (UMA).
La 30e session examinera « les questions inscrites à l’ordre du jour notamment celles relatives à l’intégration économique maghrébine, la poursuite de la réforme de l’Union, la validation de l’étude relative à la création de la communauté économique maghrébine, l’évaluation de l’état d’avancement du processus maghrébin et les échéances de la prochaine étape », précise le communiqué du ministère des AE. Il sera aussi question de
« poursuivre la consultation et la coordination des positions concernant les questions politiques régionales et internationales intéressant la région ».
Les pays maghrébins font montre d’une grande volonté de relancer l’UMA gelée depuis 1994. Si la date de cette réunion ministérielle a été annoncée à l’occasion de la récente visite du nouveau chef de la diplomatie marocaine en Algérie, il n’en demeure pas moins que la virée du président tunisien assurant la transition a été pour beaucoup dans ces initiatives. Moncef Marzouki ambitionne de tenir une réunion au sommet avant la fin de l’année en cours, mais cela sans compter sur les grands enjeux qui entourent la question, notamment pour l’Algérie et le Maroc. En effet, qui de l’Algérie et du Maroc fera-t-il des concessions sur des dossiers aussi sensibles que le conflit au Sahara occidental et la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays ?
Le dégel ressenti dans les relations algéro-marocaines ces derniers mois n’est pas pour autant un prélude pour aplanir des questions de discorde à l’image de l’autodétermination du peuple sahraoui dont Alger fait une position de principe a contrario de Rabat qui ne veut aucunement abdiquer en dehors d’une autonomie à sa guise. Le dernier messager du roi Mohamed IV, le néo-ministre des AE issu de la mouvance islamiste majoritaire lors des dernières élections législatives marocaines, bien que véhiculant de fortes ambitions quant à la refondation des relations entre les deux pays, ne semble pas emballer pour autant Alger. La visite de l’ambitieux président de la transition tunisienne non plus. L’Algérie, fidèle à ses principes diplomatiques, ne compte certainement pas renoncer à ses positions. En position de force à l’échelle maghrébine, chapeautant la lutte antiterroriste dans la sous-région du Sahel, forte de sa longue expérience en la matière et revigorée par l’intérêt particulier accordé par les capitales occidentales et de surcroît courtisée, elle n’est pas du tout prête à jouer les outsiders au niveau maghrébin. C’est dire tous les obstacles qui jonchent la relance effective de l’UMA en dépit des bonnes intentions affichées de part et d’autre.
Par : Mokrane Chebbine
Le Midi Libre, 18/2/2012
Soyez le premier à commenter