Bien que Nouakchott et Paris tentent de prendre le train des négociations en marche, c’est bel et bien Alger qui mène la médiation entre les belligérants au Mali. Aussi bien acceptée par Bamako, que par l’aile modérée des rebelles maliens, Alger se place à égale distance, dans un périlleux exercice de style, entre l’État malien et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Officiellement, la France mène, aussi, les négociations pour aboutir à un cessez- le-feu, mais Bamako se plaint depuis des semaines du jeu trouble du président français, Nicolas Sarkozy, dans le Nord-Mali. La petite phrase lancée par Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France, dans une déclaration devant l’Assemblée nationale française, a fait grincer les dents des gouvernants maliens : «Les rebelles maliens ont enregistré des succès militaires au Mali, mais nous demandons un cessez-le-feu».
Alger tente d’imposer un cessez-le-feu à Kidal
Pour Bamako, tout a été dit dans cette phrase. Mais pis encore, un groupe de rebelles a été reçu récemment en France, affirme Bamako, ce qui signifie qu’il y a réellement «anguille sous roche». Selon des sources militaires maliennes, des notables touareg maliens du Mouvement national de libération de l’Azawad, ont été reçus, secrètement, au quai d’Orsay à Paris. La presse de Bamako a été très directe depuis samedi contre la position française. «Une transition démocratique. C’est bien ce que veut la France au Mali en vue d’y placer et manipuler ses hommes de main».
L’alerte a été donnée par un haut gradé de l’armée malienne qui, très en verve, a laissé entendre que «ATT a besoin d’un soutien, parce que la crise au Nord-Mali peut bien être un coup fatal pour notre pays». «Les ficelles de toutes ces situations sont tirées par la France, qui n’a pas pardonné le fait que des militaires maliens aient combattu aux côtés des hommes de Kadhafi et que le peuple malien, en toute indépendance et en toute liberté, ait exprimé son soutien à l’ex-Guide libyen». Pour Bamako, les propos aussi concis que précis corroborent bien qu’il y a une main invisible de la France derrière la rébellion touarègue. Certes, la France ne cherche pas la partition du Mali, mais mieux : des hommes de main soumis à Paris qui remplaceront le président en fin de mandat, Amadou Toumani Touré, à Koulouba dans quelques mois.
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 26/2/2012
Soyez le premier à commenter