La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a incité samedi la Tunisie, l’Algérie et le Maroc à entretenir l’élan démocratique du Printemps arabe en approfondissant les réformes politiques, déclarant à Alger que les peuples du Maghreb devaient « pouvoir décider pour eux-mêmes ». « Je viens de Tunisie et demain je serai au Maroc, mon message est le même: les peuples du Maghreb (…) ont besoin et méritent de pouvoir décider pour eux-mêmes », a déclaré Mme Clinton lors d’une rencontre avec des représentants de la société civile à l’ambassade des Etats-Unis d’Alger.
Hillary Clinton effectue une journée de trois jours dans la région, qui l’a conduite en Tunisie, où elle a participé vendredi à la conférence internationale sur la Syrie, et doit s’achever dimanche au Maroc, où elle est arrivée samedi soir. « Pour les 50 prochaines années, a-t-elle poursuivi à l’ambassade américaine, l’Algérie doit prendre la place qui lui revient parmi la communauté des nations où tout un chacun peut jouir de la prospérité, de la paix et de la sécurité ». « Et les Etats-Unis veulent être votre partenaire. Un partenaire e votre gouvernement, de votre économie et de la société civile, afin que ces changements positifs aient lieu », a assuré Mme Clinton,
Au cours de sa visite, Mme Clinton — première secrétaire d’Etat américaine à se rendre en Algérie depuis Condoleeza Rice en 2008 — s’est entretenue avec son homologue Mourad Medelci et le président Abdelaziz Bouteflika, avec lequel elle a dîné en compagnie de membres du gouvernement algérien. Durant ses quelques heures dans la capitale algérienne, elle a offert le soutien des Etats-Unis pour mener à bien les élections législatives attendues du 10 mai, organisées suite aux réformes politiques du président Bouteflika. Mais elle a mis les points sur les « i » en répondant à un journaliste sur un financement américain de partis islamistes, évoqué par certains médias. « Non. Nous ne finançons de partis politiques nulle part, a-t-elle dit. Ce que nous faisons, c’est œuvrer avec tous les partis politiques sur la manière de s’organiser pour les élections, les mener à bien et faire en sorte qu’elles soient libres », a-t-elle déclaré.
Le score des islamistes et la participation seront les principaux enjeux du scrutin, selon la presse algérienne. Aux législatives de 2007, la participation était inférieure à 36%. Mme Clinton a également expliqué être venue discuter du renforcement de la coopération bilatérale et échanger sur la situation régionale. L’Algérie, pays riche en hydrocarbures mais confronté à une crise de société avec un chômage à plus de 20% chez les moins de 35 ans (deux tiers de la population), est un important partenaire des Etats-Unis en Afrique du Nord. Washington suit de près la situation intérieure de ce pays frontalier de la Tunisie, berceau du Printemps arabe, et de la Libye, qui peine à se stabiliser après la mort de Mouammar Kadhafi.
Mme Clinton entend également de profiter de sa tournée pour encourager le Maroc et l’Algérie « à travailler plus étroitement ensemble », a expliqué un haut responsable américain. Si les relations entre les deux pays se réchauffent, elles butent toujours sur le Sahara Occidental, ex-colonie espagnole annexée par Rabat et disputée par les Sahraouis du Polisario qu’Alger soutient. « Le Maroc et l’Algérie sont pour nous de très bons partenaires dans la lutte contre le terrorisme », a dit le responsable américaine. « Mais ils ne le sont pas entre eux, alors qu’ils pourraient tirer bénéfice d’une collaboration plus étroite ». Au sud, l’Algérie fait face, avec les pays du Sahel auxquels elle s’est alliée, à des gangs de trafiquants et à Al-Qaïda du Maghreb islamique (Aqmi) qui s’est replié au Mali. Mme Clinton avait quitté la Tunisie samedi matin, où elle a promis une aide à la reconstruction de l’économie et au renforcement de la démocratie.
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