La RASD répond au soutien français au Maroc : « Pas de Maghreb sans notre indépendance »

Le ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie, Mohamed Ould Salek, a accusé hier la France d’être responsable du blocage que connaît la région Afrique du Nord et de l’échec de la construction maghrébine.

Mohamed Ould Salek a estimé que le soutien français au Maroc, dans sa politique au Sahara occidental, a non seulement fait échouer la solution démocratique dans ce pays (le Maroc) mais a conduit à l’impasse dans toute la région. «La politique française n’a pas aidé le Maghreb. C’est cette politique qui a conduit des Benkirane au pouvoir», a-t-il lâché, allusion faite à la montée de la mouvance islamiste dans la région.

Le diplomate sahraoui, qui s’exprimait devant le groupe français formé d’élus et autres acteurs de la société civile en visite dans les camps des réfugiés, a longuement critiqué la position des gouvernements successifs français sur cette question. «Nous sommes réellement surpris par le suivi de la France de la politique du Palais au détriment de ses intérêts stratégiques et je trouve étonnant de voir ce pays bloquer pendant 20 ans au niveau de l’ONU l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental», a-t-il affirmé en substance.

Et pourtant, renchérit M. Ould Salek, «la France a tout à gagner avec les Sahraouis et la construction maghrébine, en adoptant une position en conformité avec les aspirations des peuples maghrébins. Pour lui, donc, il est nécessaire pour la France de revoir sa position sur le sujet. Et il ne perd pas confiance en l’avenir : «les Français forment un grand peuple et nous ne perdons pas espoir», a-t-il dit.

Ces paroles du diplomate sahraoui précèdent un avertissement sur l’état qui prévaut dans la région à l’adresse du Conseil de sécurité de l’ONU dont la France est membre permanent : «Le Conseil de sécurité est le garant de l’accord de paix conclu avec le Maroc pour la tenue d’un référendum. Il doit assumer les souffrances du peuple sahraoui et la situation dangereuse qui prévaut dans la région et qui peut avoir des conséquences graves», a averti M. Ould Salek.

Car, selon lui, «il y a réellement une grande pression au sein du peuple sahraoui sur la direction du Front Polisario pour ouvrir de nouveau le dossier militaire». Ceci en allant jusqu’à dire que tout a été fait pour éviter le retour à la guerre à l’occasion du 13e congrès du Polisario, tenu fin décembre 2011, et donner ainsi une autre chance à une solution politique négociée. Solution qui tarde à venir et que le ministre a confirmé à propos des prochaines discussions informelles prévues à New York entre les deux parties, le 11 mars prochain, en indiquant ne pas s’attendre à un changement ou à une quelconque évolution de la position marocaine concernant l’option du référendum puisque aucun signe ne le démontre.

«Les Tunisiens ont tort en parlant d’un Maghreb sans le règlement de la question sahraouie»

Mohamed Ould Salek n’a pas omis de répondre à «certains responsables tunisiens» qui affirmaient que le conflit du Sahara n’empêche pas la construction du Maghreb. «Contrairement aux affirmations de quelques acteurs tunisiens, la situation d’occupation qui sévit au Sahara occidental demeure une des causes empêchant toute tentative d’aller vers une construction régionale», a martelé le ministre, qui a souligné ne pas croire en la faisabilité d’»un Maghreb prospère avec un pays (le Maroc Ndlr) dont personne ne connait à ce jour les frontières réelles».

Enfin, une série de festivités est organisée actuellement dans les camps de réfugiés de Tindouf pour commémorer le 36e anniversaire de la proclamation de la République sahraouie.

De notre envoyé spécial au Sahara occidental, Yassine Mohellebi

 

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