Barak Obama, un autre champion de la liberté des peuples

Le très bon modèle

Les braves gens doivent se perdre dans les méandres de la politique des Etats-Unis, concernant les droits de l’homme. Il s’agit de ceux-là, encore innombrables, qui croient que le monde est dirigé par des personnes qui leur veulent du bien et en lesquelles ils ont une confiance absolue. A leur décharge, on peut affirmer qu’il y a de quoi, quand ceux qui sont censés les informer et les éclairer ne leur disent rien de ce qui peut troubler leur sérénité. Par exemple, ils étaient nombreux à être contents quand Mme Hillary Clinton a dit à Alger que les peuples méritent de décider pour eux-mêmes. Sauf que ce n’est pas valable pour tous les peuples. Ce qu’elle n’a pas précisé. Ce n’est pas valable pour les Palestiniens, cela on le savait, on vient d’apprendre que les Sahraouis (le peuple du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, ndds) sont aussi concernés. Ces derniers, il faut le rappeler, ont conclu un cessez-le-feu avec le Maroc, sous les auspices des Nations unies, afin que puisse être organisé, selon une résolution du Conseil de sécurité, un référendum d’autodétermination. Il y a vingt ans que le vote décisif devait avoir lieu et que le royaume du Makhzen refuse d’appliquer la légalité internationale, si chère à la cheftaine de la diplomatie de Barak Obama, autre champion de la liberté des peuples. Pour beaucoup moins que cela, nous savons ce qui est arrivé à l’Irak et à la Libye. 
Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a tenté de lui faire prendre conscience du problème sahraoui et de respecter les résolutions des Nations unies. Egale à elle-même, elle n’en a cure et informe froidement le monde que «la politique américaine concernant cette question est demeurée inchangée depuis des années et nous avons affirmé en de nombreuses occasions que la proposition marocaine est sérieuse et réaliste et répond aux aspirations du peuple sahraoui à vivre en paix». Elle est claire sur la question, le sous-colonialisme alaouite «répond aux aspirations du peuple sahraoui», qu’elle n’a pas consulté pour l’occasion. Pathétique, le ministre sahraoui avait pourtant un autre argument et des plus convaincants, il dit ceci : «Nous ne croyons pas à la faisabilité d’un Maghreb prospère et en paix, tant que le Maroc refuse de respecter les frontières de ses voisins et occupe une partie de notre pays… Nous voulons que Mme Clinton prenne conscience du problème sahraoui et que le peuple continuera à réclamer son droit à l’autodétermination». Cela coule de source pour toute personne sensée. Pas pour l’égérie pétaradante sur les libertés qui vient de démontrer le niveau d’estime qu’elle réserve à l’ONU et à l’opinion publique. Les colonialistes au petit pied n’ont pas raté le message, ils jubilent : «Aujourd’hui, on assiste à un réalisme politique, la communauté internationale prend au sérieux la proposition marocaine d’autonomie». Notons que pour eux c’est de «communauté internationale» qu’il s’agit et non d’une ministre d’un pays comme un autre. Pour ne rien laisser au hasard, la dame fait du marketing pour l’une des monarchies les plus archaïques qui soient, elle la propose comme «un très bon modèle pour d’autres pays». On aurait juste voulu qu’elle précise lesquels. 
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 29/2/2012

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