Interview de Jean-Pierre Tuquoi sur le Sahara occidental

Par Olivier Quarante
Jean-Pierre Tuquoi a quitté Le Monde en 2011. Ancien chef adjoint du service international, il avait en charge le Maghreb puis l’Afrique noire. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux pays du Maghreb dont le dernier, «Paris-Marrakech», a été écrit avec le journaliste marocain Ali Amar et publié en 2012 (Calmann-Lévy).
*Nouvellesdusahara.fr : Dans votre livre «Majesté, je dois beaucoup à votre père», sorti en 2006 et traitant des relations privilégiées entre la France et le Maroc, vous écrivez : «Un autre exemple de la complicité entre les deux capitales existe (…). Les journaux français évoquent rarement le dossier et ils ont tort : si la monarchie marocaine devait être emportée un jour, ce pourrait être à cause du Sahara occidental».
Question de Nouvellesdusahara.fr :
Diriez-vous la même chose aujourd’hui ? Le Sahara occidental peut-il encore faire basculer le pouvoir royal du Maroc ? Pourquoi ?
J.P. Tuquoi : J’employais le conditionnel. Disons que ce serait pour le moins un élément déstabilisateur pour le Trône. L’armée aurait du mal à avaler la pilule dans la mesure où elle a tenu bon lors du conflit armé et qu’elle a stabilisé la situation militaire sur le terrain. Elle pourrait réagir violemment. Mais ça n’est qu’une hypothèse fragile tant ses chefs sont dans la main du Palais royal. En dessous, parmi les jeunes officiers, la réaction peut être plus violente.
En revanche, je doute que la société civile s’accroche à la «marocanité» du Sahara occidental. Malgré la propagande officielle, elle trouve que l’ardoise est déjà salée et que c’est elle qui la paye. On entend fréquemment des Marocains se plaindre des investissements coûteux réalisés dans ce que la phraséologie officielle appelle «les provinces du sud» alors que le nord est sous-équipé en hôpitaux, en écoles… Ils ont le sentiment que l’Etat n’en a que pour le Sahara occidental, que c’est un puits sans fonds où l’Etat déverse trop d’argent. Je ne crois pas une seconde que les sujets du roi iraient manifester si demain le Sahara occidental quittait le giron marocain. Les Marocains ont d’autres préoccupations au quotidien.
*Nouvellesdusahara.fr : Vous écrivez dans votre dernier livre «Paris-Marrakech», concernant l’attentat du 28 avril 2010 à Marrakech que « aux yeux des autorités, les islamistes étaient derrière l’acte barbare, avec probablement, selon elles, la complicité des indépendantistes du Sahara occidental ».
Dans la propagande menée par le pouvoir marocain pour asseoir sa présence au Sahara occidental, on sait que ce dernier n’hésite jamais à accuser de terrorisme les « indépendantistes ».
L’accusation, ou au moins l’allusion, n’est donc pas anodine.
Question de Nouvellesdusahara.fr :
Pouvez-vous donner les éléments avancés par les autorités marocaines pour étayer cette thèse ?

LIRE LA SUITE SUR NOUVELLES DU SAHARA OCCIDENTAL, 10/04/2012

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