Dans un rapport destiné au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon a estimé qu’une série de défis «démontre que la Minurso n’est ni dans la capacité d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d’observation ni ne dispose de toute l’autorité pour contrecarrer l’effritement». Tout en faisant état de rapports sur les violations des droits de l’homme des Sahraouis par les autorités marocaines, il a proposé une série de mesures pour rétablir la «pleine autorité de la Minurso». Il a, dans ce sens, appelé le Conseil de sécurité à apporter son appui afin de soutenir cet instrument de maintien de la paix tel qu’il était prévu initialement pour la réalisation de «trois objectifs cruciaux». La Minurso, a-t-il ainsi précisé, doit être considérée comme «un instrument de stabilité dans le cas où l’impasse politique continue, un mécanisme de mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination dans le cas où les pourparlers dirigés par mon Envoyé personnel sont couronnés de succès, et doit fournir au Secrétariat de l’ONU, au Conseil de sécurité et à la communauté internationale des informations indépendantes sur les conditions prévalant dans les territoires sahraouis».
La Minurso doit être capable de fonctionner comme un «arbitre neutre», et ce, conformément aux normes et standards attendus des opérations de maintien de la paix, a-t-il soutenu. Rappelant que le but principal de la création de la Minurso était d’organiser et superviser un référendum d’autodétermination, il a expliqué que le blocage du processus politique n’a pas permis à cet organe de mettre en œuvre ce référendum, se limitant de facto à la surveillance du cessez-le-feu. Ce qui a conduit, au fil du temps, à un «effritement de l’autorité de la Minurso, à un affaiblissement de ses fonctions et à sa déviation des normes de maintien de la paix», a-t-il déploré.
Appel à l’ouverture du territoire du Sahara Occidental
Dans ses observations, Ban Ki-moon a souligné la nécessité de lever le blocus sur le territoire du Sahara sous contrôle marocain, rappelant que son Envoyé personnel, Christopher Ross, a constamment souligné qu’il était vital pour les Nations unies d’avoir accès à des «informations fiables et indépendantes» sur la situation prévalant au Sahara. «Cela pourrait être réalisé grâce à des rapports plus exhaustifs de la Minurso et à des visites plus fréquentes au Sahara occidental par des diplomates, des journalistes et autres», a-t-il fait valoir. Dans la même logique, M. Ban a relevé «une large adhésion» sur la nécessité de disposer «d’informations indépendantes» mais aussi de l’impératif de la Minurso de bénéficier d’une «totale liberté de mouvement et de sensibilisation au Sahara occidental afin de pouvoir élaborer des rapports transparents sur les développements importants qui y prévalent, et ce, à l’instar des autres opérations de maintien de la paix à travers le monde».
Il a ainsi recommandé l’envoi de 15 observateurs militaires pour renforcer les capacités de surveillance de cette mission qui compte actuellement 228 militaires, tout en demandant la prorogation de son mandat de 12 mois, jusqu’au 30 avril 2013.
Ban Ki-moon a aussi critiqué le Maroc en précisant que la neutralité de l’ONU a été mise à mal par ce dernier, du fait qu’il exige que les véhicules de la Minurso portent des plaques d’immatriculation diplomatique marocaine. «Cette pratique ne respecte pas pleinement la neutralité des Nations Unies», a-t-il clairement souligné dans son rapport. Idem pour le siège de la MINURSO à Laâyoune qui, «entouré par 21 drapeaux marocains, compromet la neutralité vis-à-vis du Front Polisario, de la population locale et de la communauté internationale». Le projet de résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental sera élaboré, comme de tradition, par le «Groupe des amis du Sahara occidental» avant de le soumettre aux autres pays membres du Conseil de sécurité pour adoption avant le 30 avril en cours. Le Front Polisario a considéré le rapport de Ban Ki-moon comme une «évolution encourageante».
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