Dans un entretien à notre confrère L’Expression, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed-Salem Ould Salek, n’y va pas par quatre chemins et accuse le Maroc de manipuler et d’être derrière le groupe terroriste Mujao. (…) «Les autorités sahraouies détiennent des preuves concrètes, quant à l’implication des services marocains dans les activités du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), a indiqué Ould Salek qui révèle que «bon nombre de spécialistes des questions sécuritaires n’ignorent pas cette réalité impliquant le Maroc».
Pour preuves de ces affirmations, le ministre sahraoui rappelle que certains éléments terroristes du Mujao, qui ont été arrêtés par les services de sécurité sahraouis à la suite de l’enlèvement des trois humanitaires européens dans les camps de réfugiés sahraouis, « ne nient pas qu’ils ont été recrutés par des services marocains pour enlever les trois humanitaires». «Nous avons également d’autres éléments, qui seront communiqués en temps opportun, c’est-à-dire les résultats de l’enquête diligentée contre les terroristes qui sont sous les verrous dans l’État sahraoui », a-t-il ajouté. De fait et au lendemain du dernier congrès du Front Polisario, le président sahraoui Mohammed Abdelaziz avait laissé entendre, lors d’une conférence de presse que des éléments probants de l’enquête sahraouie démontraient clairement que le Maroc était derrière le rapt des humanitaires venus aider le peuple sahraoui. Depuis, un groupe terroriste inconnu jusque-là -le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest- a revendiqué cet enlèvement avant de frapper un grand coup en revendiquant l’enlèvement des diplomates algériens du consulat de GAO. Selon des experts de la lutte antiterroriste, la nébuleuse terroriste est très mouvante et les ravisseurs des diplomates algériens ne sont pas à ce jour identifiés avec certitude, y compris âprès l’échec des négociations et les demandes exorbitantes qui ont été avancées, notamment le versement d’une rançon de 15 millions d’euros et la libération de chefs terroristes détenus en Algérie.
Les révélations des hauts responsables sahraouis sur le jeu trouble de Rabat au Sahel montrent à l’évidence que les groupes terroristes dans cette région roulent pour des gouvernements étrangers et notamment le Maroc, dont les dirigeants se démènent comme de beaux diables pour être partie prenante dans toute stratégie militaire collective d’intervention au Sahel, en particulier à travers le Cemoc, dont le siège est à Tamanrasset et qui regroupe les pays du Champ. Le Maroc qui n’est pas un pays frontalier de cette région a tout fait avec l’appui de la France pour y participer. Cette stratégie toujours d’actualité à Rabat, malgré des échecs répétés et les fins de non- recevoir des pays riverains du Sahara, vise deux objectifs : en premier lieu avaliser subrepticement l’occupation du Sahara occidental et donc faire du Maroc un pays frontalier du sahel , alors que ses frontières historiques ne vont pas au-delà de la ligne Tantan-Goulimine au sud marocain. Cette démarche est d’autant plus ridicule et vouée à l’échec que les Nations unies et toute la communauté internationale ne reconnaissent aucune souveraineté au Maroc sur ce territoire, dont le peuple est en attente de son exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination. En second lieu, en manipulant ou en poussant à la création d’un groupe terroriste, en l’occurrence le Mujao avec à sa tête un obscure trafiquant mauritanien qui se fait appeler comme par hasard Es-Sahraoui, le Maroc joue les trouble fêtes au Sahel et surtout faire croire que le Front Polisario a des accointances avec Aqmi.
Pour se faire, Rabat dépense des millions de dollars à Bruxelles et à Washington généreusement octroyés à de pseudo Think Thank et à des politiques complaisants, frappés du syndrome de la Mamounia pour faire valoir ses thèses farfelues et régulièrement battues en brèche par de hauts responsables américains et notamment le patron de l’Africom, Carter Ham. Pour le MAE sahraoui «l’agression continue du Maroc contre le Sahara occidental, depuis 1975, soutenue par des puissances étrangères, en particulier la France, constitue, ainsi, une source de déstabilisation de toute la sous-région et s’inscrit dans le sillage des velléités interventionnistes étrangères dans la région». « Les autorités sahraouies disposent de preuves confirmant que certains groupes terroristes, activant dans la sous-région, travaillent sur injonction et directives de certains gouvernements, en l’occurrence le Maroc et ses alliés. L’exemple du groupe terroriste, dénommé Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), apparu récemment et présenté comme une dissidence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ayant ses bases dans le Nord du Mali, est une invention des services marocains, soutenue par des gouvernements étrangers souhaitant, par voie de conséquence, plonger toute la sous-région dans l’instabilité et l’insécurité pour permettre une intervention étrangère au Sahel. C’est un groupe terroriste qui s’acharne contre l’Algérie, faut-il le dire, depuis sa création. C’est dire qu’il est même chargé de faire de l’Algérie sa cible,» a-t-il dit.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 06/05/2012
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