L’arrivée des socialistes au pouvoir en France va-t-elle pousser Paris à une plus grande neutralité sur la question du Sahara occidental ? Jusque-là, Paris s’est toujours aligné de manière inconditionnelle sur les positions de Rabat dans un dossier dont les Nations unies veulent le règlement sur la base du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. L’appui de L’Élysée à l’occupation militaire du Sahara s’est accentué durant les dernières années, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Pour sa position, il a été constamment récompensé et est-ce un hasard si le Président sortant est à Marrakech, pour son doute digérer sa défaite mais aussi se couler dans la dolce vita, qu’il se promettait dans la perspective de sa défaite annoncée. La position de parti pris de Paris qui s’explique aussi par une hostilité avérée de la diplomatie française à l’encontre de l’Algérie, pourrait évoluer sous la gauche.
Dans une lettre datée du 31 mars 2011, Jean-Marc Ayrault, qui vient d’être nommé Premier ministre de François Hollande, qualifie, au nom des socialistes, d’«occupation» la présence marocaine au Sahara occidental. « Les socialistes, dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés », écrit J-M. Ayrault dans la lettre adressée à la présidente de l’Association des amis de la République arabe sahraouie et démocratique, Dans sa lettre, le responsable socialiste rappelle les positions de son parti sur le conflit au Sahara occidental. « Tout doit être fait pour permettre aux Sahraouis d’exprimer librement leur volonté sous le contrôle des organisations internationales », écrit-il notamment. Il ajoute que le PS soutient « les efforts accomplis par le secrétaire général de l’ONU (…) pour un référendum d’autodétermination dans des conditions qui en garantissent la validité (…). Il ne saurait être question de s’écarter de ce plan. Seul un règlement juste et conforme au droit international peut ouvrir la voie à la paix». J-M. Ayrault affirme enfin que « ce différen dinternational concerne l’expression du droit des peuples à disposer d’euxmêmes. Il affecte des pays et des peuples amis ».
Cette position vient, précisément, d’être rappelle par le secrétaire général de L’ONU et avalisée par le Conseil de sécurité. Depuis les marocains font un lobbying et s’en prennent au représentant spécial du secrétaire général ? L’américain Christopher Ross, un diplomate chevronné excellent connaisseur du dossier qu’ils veulent dessaisir. Une position absurde, malheureusement relayée par un grand quotidien privé algérien qui depuis quelque temps se fait le porte voix des thèses marocaines. D’ailleurs avant même l’entrée en fonction du nouveau chef de la diplomatie française, le ministre marocain des AE précipité à Paris, pour travailler au corps celui qui aspire à diriger le Quai d’Orsay, pour faire partir Ross. Une pression similaire est exercé sur Hillary Clinton qui a quelque faiblesse pour le Maroc.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 17/05/2012
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