Le Maroc a décidé jeudi de retirer sa confiance à Christopher Ross, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental.
Le royaume chérifien a motivé sa décision par le fait que le travail de Ross s’inspire d’une « méthode déséquilibrée et partiale » accusant ce dernier d’avoir eu des « comportements contrastés (…) s’écartant des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité ». Dans une déclaration à l’AFP Youssef Amrani, ministre délégué marocain aux Affaires étrangères a soutenu que « M. Ross s’est éloigné du mandat qui lui a été confié par le secrétaire général de l’Onu en sa qualité de facilitateur et qui consiste à aider les parties à parvenir à une solution politique ».
Le gouvernement marocain selon la même source croit que M. Ross a dépassé ses prérogatives en s’ingérant « de façon flagrante dans un conflit où il est censé faire preuve de neutralité ». Les Marocains, ajoute la même source, accusent du reste l’émissaire américain de vouloir « étendre le contrôle de la Minurso sur différentes parties du Sahara » et voient d’un mauvais œil les positions « acharnées » qu’a eu à prendre cette structure onusienne quant à la question des droits de l’Homme. Rabat déplore que M. Ross ne se conforme pas à la vision du Maroc sur la question du recensement des réfugiés sahraouis se trouvant à Tindouf. Réagissant, à cet énième rejet marocain, le ministère sahraoui de l’Information a estimé dans une déclaration faite hier à l’APS, « infondée et arbitraire » la décision du Maroc « de retirer sa confiance à l´Envoyé personnel du secrétaire général de l´Onu, Christopher Ross, dans la poursuite de la mission qui lui a été confiée par le Secrétaire général de l’ONU et le Conseil de sécurité pour la recherche d´une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental garantissant le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination ». Et le ministère sahraoui d’ajouter « cette décision, aussi grave qu’injustifiée, est un nouveau défi intolérable et inadmissible du Maroc à la communauté internationale, au Secrétaire général de l’ONU et au Conseil de sécurité qui, dans sa résolution 2044 du 24 avril dernier, a considéré le statut quo inacceptable et a réaffirmé son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l’action qu’il mène pour faciliter les négociations entre les parties ». Pour le ministère sahraoui « le Maroc veut s’arroger, sans vergogne, le droit de dicter au Secrétaire général de l’Onu le contenu de ses rapports au Conseil de sécurité et de décider de la conduite que doit suivre son Envoyé personnel au Sahara occidental ». Pour les autorités sahraouies le Maroc veut annihiler la crédibilité et la neutralité opérationnelles de la Minurso et bloquer le processus de paix. « Tout en renouvelant la volonté des autorités sahraouies à poursuivre leur soutien et leur coopération loyale avec les efforts du Secrétaire général de l’Onu et de son envoyé personnel, Christopher Ross, pour mener à terme le processus de décolonisation du Sahara occidental, le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie lancent un appel pressant au Conseil de sécurité pour qu´il prenne les mesures et décisions nécessaires à même de sauvegarder et protéger l´autorité des Nations unies et la crédibilité de son oeuvre de paix au Sahara occidental des dérives et conséquences de la stratégie de fuite en avant poursuivie par le Maroc » poursuit le ministère sahraoui de l’Information.
Rabat avait fait part de ses « préoccupations » la semaine dernière à propos de ce rapport très critique envers les autorités marocaines, accusées de saborder le travail de la Minurso. Le 24 avril dernier le Conseil de sécurité avait adopté, une résolution prolongeant d’un an le mandat de la Minurso, assortie d’une demande d’amélioration de « la situation des droits de l’Homme.»
Notons que l’Américain, Christopher Ross avait été désigné en janvier 2009 émissaire spécial pour le Sahara par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Par : Belkacem Laoufi
Le Midi Libre, 19/05/2012
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