En islam, la femme a tous ses droits, mais la réalité est tout autre dans beaucoup de pays musulmans. Alors qu’en Afghanistan, des centaines d’écolières se font empoisonner par des taliban, qui répandent une poudre toxique dans leurs classes ou dans leur eau, terrorisant les parents pour les inciter à retirer leurs filles de l’école, en Arabie Saoudite, une fatwa vient d’être émise, autorisant les pères à marier leurs filles dès l’âge de 10 ans. Mansour Bin Askar, professeur à l’université du Roi Saoud à Riyad, a déclaré dans une interview que le mariage précoce a toujours été encouragé en Arabie Saoudite. «Pendant les guerres, le mariage précoce a permis de renforcer les clans familiaux, ainsi que l’influence des tribus», a-t-il expliqué, en ajoutant : « Le mariage précoce, d’un point de vue médical, ne peut nuire à la jeune mariée. Toutefois, il est important d’avoir son consentement et confirmer sa décision devant un juge de la charia.»
Cet illustre professeur d’université a omis d’expliquer l’aptitude mentale d’une petite fille de 10 ans à prendre une telle décision et les conséquences de ce mariage sur son psychique. Au Yémen, au début des années 2000, une petite fille a été mariée avant d’atteindre la puberté. Elle est morte, victime d’une hémorragie sévère. La fatwa de ce mufti reflète, en fait, les réalités de la vie au royaume. Les filles sont mariées très jeunes, avec des prétendants, en majorité des vieillards, choisis par leurs pères et tout refus est puni par la flagellation. Toujours à contre-courant des autres pays musulmans, l’Arabie Saoudite a conservé l’interprétation intégrale de la charia.
Selon Leonid Isaev, spécialiste du monde arabe, la charia prévoit le mariage précoce mais avec certaines nuances. «Tant que la fille n’a pas atteint l’âge de la puberté, il lui est interdit d’avoir des relations sexuelles», a-t-il souligné. Ce phénomène est fortement critiqué, suscitant de nombreux débats en Arabie Saoudite pour interdire la loi sur le mariage des petites filles, ce qui a déplu au cheikh Abdul Aziz al-Teraifi, un fonctionnaire du ministère des Affaires islamiques, l’un des adversaires les plus ardents de ces restrictions. «L’interdiction du mariage précoce aura un effet négatif sur la société saoudienne, ce qui est inacceptable dans un pays musulman», a-t-il déclaré au journal Saudi Gazette.
En juin 2011, un théologien saoudien, cheikh Saleh al-Fawzan, allé encore plus loin. Il a émis une fatwa où toute obstruction au mariage précoce des filles est considérée comme une violation des lois d’Allah. Selon le cheikh, les pères ont le droit de donner leurs filles en mariage même si elles sont encore au berceau.
Mohamed El Ghazi
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