Des associations marocaines de défense des consommateurs et des professionnels du secteur du transport ont rejeté, hier, lundi, la décision prise par le gouvernement d’augmenter, à partir de samedi dernier, les prix du carburant à la pompe d’environ 20 % pour l’essence et de 10 % pour le gasoil ainsi que du fuel industriel.
Le président de la Ligue marocaine de protection du consommateur, a noté que le gouvernement qui avait affirmé qu’il n’«augmenterait pas les prix des carburants jusqu’à l’année prochaine, vient de décider cette hausse vertigineuse dans cette conjoncture difficile». «Cette décision aura de fortes répercussions sur les produits alimentaires et le transport routier, des marchandises et des légumes en particulier, et donc sur la consommation quotidienne du citoyen», a-t-il prédit.
Le secrétaire général du syndicat des chauffeurs de taxis, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a annoncé que son organisation définira lors de sa réunion, dimanche prochain, les mesures à prendre face à cette «hausse vertigineuse».
De son côté, le président de la Fédération du transport sur route et port, a jugé que les niveaux de hausses étaient trop élevés. «Les augmentations étaient imminentes, mais nous ne nous attendions pas à ce qu’elles soient dans ces proportions», a-t-il dit. Quant au président de la Fédération des matériaux de construction, il a souligné que «le gouvernement devrait donner de la visibilité aux industriels en instaurant par exemple un tarif préférentiel pour les industries consommatrices de fuel».
Cette augmentation est considérée comme étant «un choc et une surprise» qui préfigurent des tensions sociales, selon la presse marocaine parue hier. «Cette augmentation est un choc pour les Marocains, qui s’attendaient à ce que le gouvernement islamiste décide plutôt d’augmenter les salaires», écrit le journal Al Massae, le quotidien arabophone le plus vendu au Maroc avec près de 100 000 exemplaires par jour.
«Des tensions sont à l’horizon à cause de cette augmentation… qui risque d’avoir des conséquences sur le pouvoir d’achat, et aboutir à des soulèvements sociaux», écrit, pour sa part, en une le quotidien arabophone Assabah, proche des milieux d’affaires.
«Colère populaire et déception après la décision du gouvernement d’augmenter les prix du carburant», souligne le quotidien Al-Ittihad Al-Ichtiraki.
Six mois après sa nomination par le roi Mohammed VI, le gouvernement dirigé par l’islamiste Abdelilah Benkirane fait face à une crise sociale qui commence à écorner sa popularité auprès des salariés et d’une grande partie de la classe moyenne, selon plusieurs analystes interrogés par la presse marocaine.
Info-Soir, 05/06/2012
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