NEW YORK – Le Comité de l’ONU chargé d’étudier la situation relative à l’application de la Déclaration onusienne sur l’octroi de l’indépendance, ou « Comité spécial des 24 », a examiné vendredi au siège de l’ONU (New York) les questions des 16 territoires non décolonisés dont le Sahara occidental.
Au cours de l’examen de la situation du dossier sahraoui, le représentant de l’Afrique du Sud, Maniemagen Govender, a rappelé que le Département des affaires juridiques de l’ONU avait appuyé la demande du peuple du Sahara occidental d’exercer son droit à l’autodétermination.
Il a alors exhorté le Conseil de sécurité à soutenir le processus politique entre le Front Polisario et le Maroc en s’assurant que le mandat de la MINURSO (Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) soit respecté autour de ses trois priorités.
A ce propos, il a souligné que les priorités de la Minurso consistent pour celle-ci à agir en tant qu’instrument de stabilité, de mise en œuvre d’un référendum et de fournir des informations indépendantes au Secrétariat de l’ONU, au Conseil de sécurité, et à la communauté internationale.
Appelant à ce que la dernière colonie en Afrique puisse enfin être décolonisée, il a estimé que la persistance de la colonisation du Sahara occidental constituait « un déni de l’Acte constitutif de l’Union africaine et une entrave grave au développement économique et social du continent ».
Pour sa part, la représentante du Venezuela, Maria Elena Anzola Padron, a vigoureusement plaidé en faveur du respect des droits du peuple sahraoui à l’autodétermination et demandé l’application stricte de la résolution 1514 (1960) des Nations unies.
Tout en appelant le comité des 24 à examiner la réalité de la vie quotidienne des Sahraouis, elle a regretté que la mission de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, soit suspendue après la décision unilatérale du Maroc de retirer sa confiance. Pour Mme Padron, le peuple sahraoui doit pourtant pouvoir exercer son droit à l’autodétermination et à son indépendance dans les plus brefs délais.
De son côté, la représentante de l’Equateur, Jenny Lalama-Fernandez, a appuyé la volonté du peuple sahraoui du Sahara occidental d’obtenir un référendum pour l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination. Elle a noté que le rapport du Conseil de sécurité du mois d’avril dernier a mis en évidence « les restrictions imposées par le Maroc à la MINURSO laquelle n’a aucune liberté de circulation ni un accès direct aux populations ou aux organisations locales de défense des droits de l’homme ».
« Nous sommes devant une situation grave de violation des attributions de l’ONU », a-t-elle estimé en notant que les droits de l’homme continuent d’être violés au Sahara occidental dont les ressources sont illégalement exploitées par le Maroc. Elle a jugé urgent de tout mettre en œuvre pour permettre la décolonisation du dernier pays africain encore sous domination étrangère.
Lors du débat, la représentante cubaine, Comesan Perdomo, a rappelé le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. Elle a également indiqué que Cuba continuait d’offrir des formations et des études à 300 jeunes Sahraouis, conformément aux résolutions des Nations unies qui appellent la communauté internationale à fournir une aide à ce peuple.
Pour sa part, le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, a évoqué la situation qui se dégradait sur le terrain au Sahara occidental et a dénoncé les exactions commises par le Maroc à l’encontre de la population sahraouie et des détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines. La répression devient féroce, a souligné M. Boukhari, évoquant la disparition toujours non éclaircie de plusieurs jeunes Sahraouis durant les dernières années.
En 2010, pas moins de 600 civils sahraouis avaient disparu et restent introuvables, a-t-il rapporté, ajoutant que des enfants âgés de moins de 15 ans sont restés introuvables depuis 2004, tandis que des tombes clandestines de Sahraouis ont été découvertes en 2010.
« Ces crimes de guerre restent désespérément impunis », a-t-il déploré en rappelant que le Parlement européen et les organisations non gouvernementales telles Human Rights Watch et Amnesty international avaient, en vain, saisi le Conseil de sécurité de l’ONU sur ces crimes. M. Boukhari a ainsi dénoncé « la politique de deux poids deux mesures » que pratiquent certaines puissances au sein de l’ONU.
Il a également déploré que la MINURSO ne dispose pas de toutes les prérogatives requises pour mener sa mission ainsi que « l’obstruction systématique » du Maroc qui a bloqué le processus que devait mener l’Envoyé personnel du Secrétaire général, Christopher Ross. En définitive, a-t-il soutenu, la question du Sahara occidental doit être réglée par l’exercice du droit à l’autodétermination auquel a droit le peuple sahraoui.
APS, 16/06/2012
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