Le gouvernement de Rajoy n’a pas tenu ses promesses en ce qui concerne le Sahara occidental et l’Afrique du Nord en général. Et cet échec non seulement a conduit la politique espagnol des Affaires étrangères à la dérive, mais elle commence à la rendre ridicule. Le Ministre Garcia Margallo, semble déterminé à imiter son plus pénible prédécesseur, Moratinos Cuyaubé. Sa genou-flexion devant la tyrannie alaouite de Mohamed VI, non seulement a été « remercié » par une « gifle » du makhzen à l’Espagne, mais a été, en plus, désavouée par le Bureau du Secrétaire général de l’ONU. Le Parti socialiste, bien sûr, ne dit rien.
I. Le Makhzen, pris de panique, rejette Christopher Ross
Le 17 mai 2012, le Makhzen a officiellement annoncé son rejet de Christopher Ross, Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental. Et il l’a fait, comme je l’ai déjà dit ici, à peine trois semaines après avoir voté publiquement, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, en faveur de la résolution 2044 du Conseil qui stipule textuellement:
6. (Le Conseil de sécurité) affirme son ferme soutien à l’engagement du Secrétaire général et son Envoyé personnel pour parvenir à une solution à la question du Sahara occidental dans ce contexte et appelle à l’intensification des réunions et des contacts;
Comme je l’ai dit, en primeur, sur ce blog, les vraies raisons du rejet sont que Ross, diplomate habile, a su trouver les moyens de relancer le processus de décolonisation en déjouant le blocage imposée par l’attitude intransigeante du Makhzen. Parmi ces moyens se trouvent des discussions sur les mesures de confiance, des discussions sur la question des richissimes ressources naturelles du territoire et des mesures pour briser le blocus médiatique que le Makhzen a imposé sur le Sahara occidental en empêchant l’accès d’observateurs internationaux et en réprimant brutalement tous ceux qui, à partir de l’intérieur du pays, cherchent à briser le blocus. Pour mettre fin à ce blocus médiatique, il avait prévu une visite au Sahara Occidental. La PREMIERE à être effectuée par un Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU depuis le retrait de l’Espagne.
II. ROSS soutenue par tous … SAUF LE GOUVERNEMENT RAJOY
La décision du Makhzen veut dire que le Maroc désavoue le Conseil de sécurité qui, à l’unanimité, avait exprimé son soutien à Ross et à ses efforts quelques jours plus tôt, le 24 Avril.
La diplomatie du Makhzen a été activée en quête de soutien … sans succès.
– La France a refusé de se joindre au « front anti-Ross » du Makhzen
– États-Unis a déclaré qu’elle maintient son soutien à Ross;
– L’Algérie a réitéré son soutien à Ross;
– Le Front Polisario a déclaré qu’il soutenait Ross ; …
– Et le Secrétaire général de l’ONU a également déclaré son appui à Ross. En outre, l’ONU a désigné représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental un diplomate allemand, M. Wolfgang Weisbrod-Weber que le Makhzen a voulu bloquer.
L’Espagne, par contre, a gardé le silence.
III. LE GOUVERNEMENT RAJOY consomme sa genou-flexion devant le SULTAN
Le ministère des Affaires étrangères de l’Espagne a annoncé le 20 la visite du ministre espagnol à Rabat.
Au cours de celle-ci, le ministre a fait une offrande à Hassan II, responsable de violations graves des droits de l’homme au Maroc et au Sahara occidental, et qui, dans des déclarations à Eric Laurent, il a reconnu qu’il avait fait chanter l’Espagne.
Lors de la conférence de presse conjointe organisée à côté du ministre marocain des Affaires étrangères, il a rejoint le Makhzen dans ses critique contre Ross. Ignacio Cembrero y raconte l’histoire ainsi:
(Margallo) a ouvertement critiqué le diplomate américain Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, au Sahara depuis 2009.
» il serait pertinent que l’émissaire spécial sur le dossier (Sahara, ndlr) s’intéresse aux thèmes centraux et non aux thèmes accessoires « , a déclaré Garcia-Margallo dans une conférence de presse avec son homologue marocain Saaedin El Othmani. Le ministre espagnol faisait allusion au fait que le médiateur Ross a convoqué des réunions informelles entre les délégations du Maroc et du Front POLISARIO et a essayé prioritairement que les deux parties appliquent des mesures de confiance avant d’entrer pleinement dans la négociation.
Le dévouement du gouvernement Rajoy face à Mohammed VI atteint un point tel que, comme rappelé par Cembrero:
Lorsque, en Janvier dernier, le président Mariano Rajoy s’est rendu pour la première fois, à Rabat, il a réitéré au sujet du Sahara Occidental: « Nous sommes avec ce dit l’ONU. » Son secrétaire général, Ban Ki-moon, a déclaré à plusieurs reprises qu’il a pleine confiance en Ross, mais Garcia-Margallo estime que le Maroc a au moins une raison pour se méfier de lui en tant que médiateur.
Avant cela, le 23 mai, le représentant espagnol à l’ONU, Gonzalo de Benito, a timidement soutenu Ross dans ses réponses aux questions en espagnol…et il n’a pas eu le courage de le faire dans ses réponses en français aux questions des médias du Makhzen.
IV. AINSI LE MAKHZEN REMERCIE LA NOUVELLE TRAHISON DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL AUX SAHRAOUIS
Le makhzen « a remercié » la trahison espagnole au Sahara Occidental en gardant ses ambitions expansionnistes sur les territoires espagnols de Ceuta et Melilla.
Y a-t-il une plus grande preuve de la «réussite» de la politique étrangère de ce gouvernement?
V. L’ONU DESAVOUE EXPRESSEMENT LE GOUVERNEMENT DE RAJOY
Cependant, le 22 juin, le porte-parole du bureau du Secrétaire général de l’ONU, lors de la conférence de presse habituelle, en réponse à une question sur les déclarations du gouvernement espagnol sur Ross, a désavoué le gouvernement espagnol.
Voici le texte original suivi de ma traduction:
Question: Can you update us on the status of Mr. [Christopher] Ross’mission in Western Sahara? He is going to be holding talks in Geneva, I think in June or July, and he announced he was going to the region as well; we have no news of that. And then yesterday the Spanish Foreign Minister had some criticism about Mr. Ross and his mission?
Question: Pouvez-vous nous mettre à jour sur l’état de la mission de M. (Christopher) Ross au Sahara Occidental? Va-t-il organiser des conversations à Genève, je pense, en juin ou juillet, et il a annoncé qu’il allait se rendre dans la région, nous n’avons pas de nouvelles sur cela. Et en plus, le ministre espagnol des Affaires étrangères a fait, hier, certaines critiques vis-à-vis de Ross et de sa mission?
Spokesperson: Well, just to reiterate the Secretary-General’s full support for and confidence in his Personal Envoy for Western Sahara, Mr. Ross. And with reference to media reports that you refer to, let me just say that the Secretary-General underlines that his Envoy has given ample opportunity to the parties to discuss the core issues during the informal rounds of negotiations. To date, the parties have not moved beyond their initial positions.
Porte-parole: Eh bien, je veux juste réitérer le plein appui et la confiance du Secrétaire général en son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, M. Ross. Et en ce qui concerne les nouvelles des médias dont vous parlez, permettez-moi de vous dire que le Secrétaire général souligne que son Envoyé a donné aux parties l’occasion de discuter des questions centrales au cours des cycles de pourparlers informels. Jusqu’à présent, les parties ne sont pas allés au-delà de leurs positions initiales.
VI. UNE DIPLOMATIE DISCRÉDITÉE INCAPABLE DE DEFENDRE LES INTERETS DE L’ESPAGNE
L’épisode rapporté a une gravité extraordinaire.
Le fait que le gouvernement espagnol contredise ses affirmations solennelles (encore une fois) sur le Sahara occidental n’est pas anodin.
Le fait que le gouvernement de Rajoy réitère, en janvier, le soutien de Rajoy solennelle à l’ONU dans le conflit au Sahara occidental … pour ensuite, s’aligner, au mois de juillet, du côté du Makhzen contre l’ONU, rappelle trop ce qui est arrivé dans le passé, lorsque le soutien solennel au référendum d’autodétermination, était suivi des déclarations de soutien au Makhzen.
Cela a un contexte et ce coût s’appelle CRÉDIBILITÉ. Le Gouvernement de Rajoy, avec ce genre de déclarations, achève ce qu’il pourrait avoir de crédibilité internationale.
Et seul un ignorant peut penser que ce manque de crédibilité ne se voit pas dans d’autres forums internationaux dans lesquels l’Espagne joue grand. Par exemple, dans les forums qui traitent de la crise financière espagnole …
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