par Kharroubi Habib
Dans l’entretien qu’il a eu avec son homologue malien Sadio Lamine Sow venu en visite de travail à Alger, notre ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci s’est limité à souligner la nécessité dans le conflit en Azawad de « privilégier une solution politique qui préserve l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali ». Ce qui semble clairement signifier que l’Algérie n’est pas désireuse de s’investir militairement dans ce conflit comme il serait venu à Alger pour le demander aux autorités du pays. Medelci ainsi que Abdelkader Messahel qui a également eu une séance de travail avec le chef de la diplomatie malienne n’ont nullement laissé transparaître la moindre indication que l’Algérie pourrait éventuellement s’impliquer militairement au Nord-Mali sous la forme d’une participation de l’ANP à une intervention armée telle que le voudraient apparemment les autorités de Bamako.
Malgré l’inquiétante situation créée en Azawad avec sa prise de contrôle par les groupes armés islamistes Aqmi, Ansar Eddine et MUJAO, les autorités algériennes s’en tiennent donc à leur position axiale sur le conflit malien, à savoir qu’il existe toujours pour le règlement de cette crise « un espace pour le dialogue et la négociation entre le gouvernement malien et les acteurs qui acceptent de s’inscrire dans une logique de solution politique qui préserve l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali et qui tienne compte des revendications qui peuvent être légitimes et qui inclut les populations locales ». Or le seul acteur en Azawad qui n’a pas catégoriquement rejeté le principe de la solution politique est le MNLA qui vient d’être supplanté par les groupes islamistes qui ambitionnent d’instaurer un «émirat» au Nord-Mali.
Il peut donc paraître que la position algérienne qui se justifiait incontestablement tant que le MNLA encadrait la rébellion touareg et contrôlait l’Azawad est désormais en décalage avec la réalité du terrain qui prouve que les groupes islamistes l’ayant imposée ne sont pas dans la logique du compromis politique et des revendications légitimes. Ils ne cherchent nullement à négocier avec les autorités maliennes et encore moins avec d’autres acteurs régionaux ou internationaux.
A se demander donc comment en excluant de s’investir militairement, l’Algérie est en mesure d’honorer à l’égard du Mali son devoir qui est, selon l’affirmation d’Abdelkader Messahel, « d’accompagner nos frères maliens vers une sortie de crise qui préserve les intérêts du Mali ». Des intérêts que ne peuvent se négocier avec les groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle du Nord-Mali et ne sont pas disposés à écouter les véritables doléances des populations de ce territoire. Sadio Lamine Sow repart à Bamako apparemment sans avoir convaincu Alger de la gravité du changement de donne dans la crise malienne par la prépondérance que se sont acquise les groupes islamistes dans l’Azawad.
Ce n’est pas un simple hasard de calendrier qui fait qu’une haute délégation française conduite par la conseillère Afrique du nouveau président français François Hollande arrive à Alger peu après la visite du chef de la diplomatie malienne. Elle s’inscrit à n’en point douter dans la campagne des pressions régionales et internationales visant à convaincre l’Algérie à réviser sa position sur le conflit malien.
Le Quotidien d’Oran, 04/07/2012
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