De temps à autre, on se réveille sur l’idée avortée du grand maghreb. Un nouveau régime en Tunisie croit possible qu’avec une décision à grand effet d’annonce, il sera celui qui fera avancer la construction de l’UMA. Une Tunisie islamiste qui voudrait devenir islamisante?
Meilleur cheminement vers l’islamisation, son environnement immédiat géopolitique ? Pour le moment, il n’a pu y avoir ni un Maghreb de l’économie, ni un Maghreb commercial, ni un Maghreb de la sécurité, ni un Maghreb de la défense. Il fut pendant un instant entretenu un Maghreb des rêves, un Maghreb des illusions, puis, plus rien. Face aux ambitions géopolitiques des grandes puissances, face également à la définition des relations internationales qui lient des ensembles régionaux à des pays maghrébins qui se présentent en solitaires, tout se passe comme si nos intérêts divergeaient. Le comble est que le pouvoir tunisien actuel veut commencer par donner un contenu opérationnel au rêve qui a habité le pouvoir libyen, soit le «guide de la révolution de 69».
Le défunt Kadhafi avait, dans l’euphorie des dirigeants des cinq pays maghrébins réunis à Zéralda, en présence du roi saoudien de l’époque, annoncé «victorieusement» la décision de créer la carte maghrébine d’identité qui permettra aux citoyens maghrébins de traverser de part en part les frontières comme s’ils se déplaçaient dans leur propre pays. Evidemment, c’était un rêve duquel les citoyens s’étaient réveillés très peu de temps après. Il semble que le même rêve est passé cette fois-ci vers les dirigeants tunisiens, ressuscitant du coup le guide libyen. Possible de construire ce vieux projet sans un bilan critique, sans en identifier les obstacles ? Faire croire à un Maghreb des peuples sans passer par des référendums, des institutions communes, des systèmes politiques homogènes ? Ne parlons pas encore d’une Constitution commune, d’une mise en commun des capacités économiques pour affronter la concurrence !
S.I.
La Nouvelle République, 09/07/2012
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