Par Abdelkrim Ghezali
Anticipant sur un agenda maghrébin, le Premier ministre marocain, estime que le sommet de l’UMA prévu avant la fin de l’année en cours à Tunis, «sera de pure forme». Abdelilah Benkirane brouille les cartes et confond les rapports bilatéraux et le projet de construction maghrébine. Pour le Premier ministre marocain qui a accordé un entretien au journal du PJD, Ettajdid, paru jeudi dernier : «Les conditions de la tenue d’un sommet ne sont pas encore mûres et tant que les frontières entre le Maroc et l’Algérie ne seront pas réouvertes».
Donc conclut Benkirane, le sommet de l’Union du Maghreb arabe «sera de pure forme». «Notre politique vis-à-vis de nos frères algériens table sur l’Histoire, les relations entre les deux peuples sont basées sur la fraternité et l’amour. Malheureusement, la direction algérienne a un autre avis et nous contredit sur notre unité territoriale, mais nous parions sur l’avenir. Il est impensable que la France et l’Allemagne se soient réconciliées et que l’Algérie soit en situation de conflit avec le Maroc», a encore martelé M. Benkirane. Ainsi, le Premier ministre marocain restitue la situation de l’UMA dans son contexte réel. Tant que les relations algéro-marocaines sont tendues, la construction de l’UMA est une chimère. Cependant, le Maroc refuse jusque là que les deux pays aplanissent leurs différents à travers un agenda bilatéral et des commissions spécialisées devant discuter tous les dossiers en suspens. Ces dossiers vont de la sécurité des frontières, au trafic de drogue, au problème des biens des Algériens au Maroc et des biens des Marocains en Algérie.
Quant à l’unité territoriale du Maroc, c’est une affaire maroco-marocaine et ne relève que de la volonté du palais royal de libérer les enclaves de Ceuta et Melilla occupées par l’Espagne. Les Algériens soutiendraient sans hésiter le droit du Maroc de récupérer ses terres si les Marocains l’expriment. Quant au Sahara occidental, le Premier ministre marocain n’a qu’à se référer à la proclamation de l’UMA de 1987 et de 1988 qui stipule que ce conflit bilatéral qui oppose le Polisario et le Maroc ne doit pas interférer dans le processus de construction de l’UMA. D’ailleurs, les deux parties sont en négociation sous les auspices de l’ONU et sous le chapitre de décolonisation. Donc, qui bloque l’édification maghrébine ? Qui occupe illégalement un territoire que lui contestent les populations sahraouies ? Qui refuse d’organiser un référendum d’autodétermination ? Le printemps marocain n’a pas changé l’hiver des Sahraouis. En somme, Benkirane a raison : le sommet de l’UMA est inutile dans ce contexte de crise.
La Tribune d’Algérie, 30/07/2012
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