Peu me chaut, en définitive, la rhéthorique affligeante du treizième discours du trône du roi du Maroc.
Discours anonné tristement par un homme visiblement atteint à la fois dans sa santé physique et morale, les observateurs auront tous relevé, qu’il s’agissait pour Mohammed VI d’affirmer son “autorité” de commandeur des croyants et celle de la “monarchie exécutive” mise en oeuvre après le discours du 9 mars. Les sujets que nous sommes, “devrons” donc vivre sous la Constitution imposée, le Parlement choisi et le gouvernement bricolé avec les islamistes du PJD !
Il s’est même trouvé un sombre juriste de l’Université de Rabat, pour écrire dans les colones du journal ”Le Monde” que ”Le projet social marocain, est un modèle pour le monde arabe“(30.07.2012). Passons sur ces inepties!
Je renvoie mes lecteurs à l’un de mes articles (Légitimité du Pouvoir au Maroc Consensus et Contestation-1986, cf. FB) pour qu’on saisisse bien mon affirmation d’aujourd’hui : de la “Bey3a” obsolète à la canonisation dérisoire du sultan du Maroc!
Depuis cinquante et un (51) ans, Hassan II et Mohammed VI ont construit progressivement un processus d’homogénéisation des rapports symboliques, devenant entre autres les dépositaires de l’essentiel du pouvoir religieux, référant à la fois à leur “légitimité historique” et à l’institutionnalisation “moderniste” de leurs régimes. Dès Hassan II, le monarque n’est plus investi par les “Ulémas” selon les règles de la “Bey3a” (allégeance) , il est devenu le producteur initial et exclusif de la symbolique définissant les normes du champ politico-religieux. Il s’agissait bien alors, d’une mutation structurelle dans l’historicité même du pouvoir exécutif.
Dans le milieu des années soixante et compte tenu des très grandes mutations qu’a connues la formation sociale marocaine, depuis la fin de la colonisation, une question de fond commençait à préoccuper les sphères dirigeantes de ce pays : la légitimité quasi divine du souverain, lisse et fonctionnant sans aspérité, pouvait-elle suffire à susciter une forme de consensus de la société civile. Pour les sociologues avertis du caractère très composite de la société, la réponse était négative, bien que les attitudes puissent varier selon que l’on prenait en compte les acteurs du champ religieux ou les autres, ceux particulièrement engagés dans les formes de luttes politiques à caractère laïc. C’est sur cette toile de fond que la légitimité de type légale-rationnnelle (constitutionnaliste) allait intervenir en complément en somme de la précédente . Par rapport à cette nouvelle norme et contrairement au souverain, les élites “modernistes” , qui pensent et agissent dans le cadre de l’Etat-nation , dans lequel, selon eux, doivent s’enraciner le pluralisme politique et la démocratie, se situent d’entrée de jeu en rupture avec tout dessein de continuité .
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