Que fera le Maroc ?

par Yazid Alilat
Non! Le compteur pour une complète et définitive décolonisation du Sahara Occidental est toujours en marche. Et plus que jamais d’actualité. C’est ce que vient de confirmer officiellement le SG de l’ONU, M. Ban Ki Moon, personnellement au souverain marocain, en maintenant à son poste son envoyé spécial pour le Sahara Occidental. En dépit des sournoiseries diplomatiques marocaines, la communauté internationale, Washington et l’ONU n’ont pas vraiment apprécié que M. Christopher Ross, un diplomate de haute voltige et fort respecté au département d’Etat, soit viré comme un ‘’malotru » par le Maroc, qui n’avait pas digéré son rapport sur la situation des droits de l’homme dans ce territoire occupé par Rabat.
La réaction de M. Ban, en maintenant sa confiance à son envoyé spécial pour le Sahara Occidental, est un peu une riposte en quelque sorte des Etats-Unis, qui n’avaient pas également accepté cette impertinence de Rabat, ni sa propension à penser qu’occuper un territoire et asservir tout un peuple doit être cautionné par la communauté internationale. Et puis, ‘’virer » un envoyé spécial de l’ONU n’est pas dans les habitudes diplomatiques, ni dans les bonnes mœurs des gens civilisés. Et, à Rabat, depuis l’annonce du retrait de confiance à Christopher Ross en mai dernier, on se laissait penser que cette façon d’agir, propre au royaume chérifien, qui se croit au dessus des lois internationales, ou super protégé par quelques pays européens nostalgiques d’empires révolus, a même amené certains à penser, que le SG de l’ONU allait courber l’échine et baiser la main du Roi. Et proposer, comme le laisser penser la presse marocaine, Colin Powell par là, ou un émissaire européen ici, du genre d’un Peter Van Walsum, un diplomate de piètre envergure qui avait été, lui par contre, viré par le SG de l’époque, Kofi Annan, pour avoir épousé les thèses marocaines. Van Walsum n’avait rien, moins que dit que ‘’l’indépendance du Sahara Occidental n’est pas un objectif réaliste » et que ‘’le Front Polisario devrait y renoncer ». Et, comme le dit si bien un diplomate marocain, ‘’on ne peut rien imposer à personne », Ross ne sera pas ‘’dégommé », et aucun Etat ne peut dicter sa politique au SG de l’ONU. Du moins dans ce cas précis. En maintenant à son poste son envoyé personnel, Ban Ki Moon donne par ailleurs une leçon de diplomatie au Maroc et, par delà, l’invite à collaborer plus sérieusement avec les instances onusiennes pour un réglement définitif et rapide du dernier dossier de décolonsiation en Afrique. Sur un autre front, le Maroc a appris à ses dépens que tous ses alliés politiques dans le dossier sahraoui peuvent se retourner contre lui, dés lors que leurs intérêts sont directement menacés, ou, dans le cas de l’affaire Ross, foulés aux pieds. Rabat a ainsi eu son caquet rabaissé, et d’une manière plutôt moins blessante que ce qui a été réservé au diplomate américain par la gent politique au Maroc, accusé de partialité et de partis pris, au moment où il n’avait que rapporté le plus fidèlement possible ce qui se passe vraiment dans les territoires sahraouis occupés, et au delà même des violations graves des droits de l’homme. Parmi les nombreux griefs reprochés à la partie marocaine dans son rapport de situation, M. Ross avait notamment rapporté que le principe de neutralité de la MINURSO «est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc». Le même rapport avait également noté que la confidentialité des communications entre le quartier général de la MINURSO et New York (siège de l’organisation onusienne) était «compromise». Il faut comprendre ainsi que les services de sécurité marocains rendaient ‘’difficiles » ces communications. Et saborder en quelques sortes son propre travail. Le piège s’est refermé sur son auteur. Question: que fera le Maroc ?
Le Quotidien d’Oran, 27 août 2012

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