Selon un ambassadeur arabe en poste à Rabat, cité par le journal marocain Demain , le voyage de Mohamed VI dans les pays arabes du Golfe persique est malvenu par les temps qui courent. « Nous l’avons souvent invité dans le passé, mais c’est seulement maintenant, quand il y a une grave crise régionale, qu’il décide de venir. Ce n’est pas le moment », a précisé à Demain ce diplomate. Les taïfas du Golfe persique, qui savent que le royaume du Maroc a rompu il y a quelques années ses relations diplomatiques avec l’Iran sur ordre de l’Arabie saoudite (selon des documents divulgués par Wikileaks), ne veulent apparemment pas que cette virée pour discuter « investissements », en fait pour tendre la main, vienne compliquer des choses qui le sont déjà.
L’Iran est sous la menace d’une attaque israélienne imminente et le pays des ayatollahs risque de répliquer non seulement contre l’Etat hébreu, mais aussi contre les pays du Golfe qu’il accuse souvent d’être de mèche avec les Etats-Unis et Israël. D’autre part, le makhzen pourrait céder une participation dans la compagnie « Royal air Maroc » aux détenteurs des compagnies aériennes du Golfe afin de favoriser l’achat de nouveaux appareils pour doper son activité touristique. Une proposition en ce sens pourrait être faite par le roi Mohammed VI lors de la tournée qu’il doit entreprendre dans les Etats du Golfe. « Nous allons écouter leurs idées sur la manière dont ils perçoivent ce partenariat. De notre côté, nous pourrions proposer de vendre une part pouvant atteindre 44% de la RAM au partenaire sélectionné », a déclaré à une source gouvernementale marocaine.
Avec une flotte aérienne relativement modeste, de quelques 40 appareils moyens et longs courriers, la RAM cherche à transformer l’aéroport de Casablanca en hub régional connectant les pays d’Afrique de l’Ouest à l’Europe et à l’Amérique du Nord. Elle n’a pas pu, toutefois, concrétiser cette ambition, faute de liquidités suffisantes pour acquérir les appareils capables d’augmenter son trafic passagers. La RAM a bénéficié l’année dernière d’une injection de 1,6 milliards de dirhams d’argent public destinée à assainir ses finances. Les 44 % que le Makhzen souhaite céder correspondent à cette somme.
M. B.
Le Courrier d’Algérie, 17 oct 2012
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